« Les
auteurs ne sont pas là pour donner au public ce qu’il
veut, mais ce à quoi il ne pense même pas. C’est la seule façon de
faire
avancer les esprits. Si on se base sur ce que le public aime, plus rien
ne
bouge. Si on avait toujours fait cela, il n’y aurait pas eu de poètes.
Il n’y
aurait pas eu Jésus Christ, qui disait tout le contraire de ce que les
gens
pensaient. L’Évangile est incroyable… parce qu’il dit d’aimer, même nos
ennemis. On n’était pas habitués à penser ainsi. C’est cela, un
poète : l’inventeur
d’un sentiment nouveau. »
Roberto
BENIGNI
« Le
Soir », 07-03-2009
Parce
qu’il est
coutume au PS de juger toute critique du
parti iconoclaste ou faisant le jeu de l’extrême droite, un lecteur a
qualifié
nos propos de « populistes ». Sans doute, le danger
nous guette-t-il
tous. Le populiste se caractérise notamment par son langage simpliste
et
démagogique, sa critique systématique des élites dirigeantes et
intellectuelles, sa propension à se référer directement à la
population,
quelquefois en flattant ses plus bas instincts. Il prétend ainsi faire
œuvre de
démocratie. Répondons-nous à cette description ?
Si,
par exemple, nous
enquêtons sur le thème : Préférez-vous vous déplacer individuellement ou en transport
en
commun ?, la plupart d’entre nous se déclareront en
faveur de la
voiture. Est-il dès lors démocratique pour nos dirigeants de consacrer
au
réseau routier l’essentiel des budgets réservés à la
mobilité ?
Imaginons que demain, chaque citoyen se déplace en automobile.
L’engorgement de
nos villes sera tel que la mobilité s’en trouvera réduite à une vitesse
inférieure au vélo, de surcroît au prix d’une pollution désastreuse.
En politique comme
dans la vie, selon l’expression de R.
Benigni, nous avons besoin de « poètes ». Autrement
dit, trop souvent
conditionnés par la pensée dominante diffusée entre autres par une
publicité
envahissante, nous avons besoin de personnes alimentant notre réflexion
en
pensant autrement que le commun des mortels.
Ainsi, des militants
assimilés à de doux rêveurs ont compris
que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers et
ont
réclamé de longue date la construction d’un réseau de transport en
commun
structurant en région liégeoise. Non sans résultat, puisqu’enfin, un
projet
basé sur un tram moderne en site propre a pu être mis à l’ordre du jour.
Peu à peu, sous la
pression de ces « poètes »,
les esprits évoluent. Récemment, notre Collège communal a jugé
insuffisante
l’esquisse du futur « Plan urbain de mobilité de
l’agglomération
liégeoise », car le développement des transports en commun
dans notre
entité n’est pas suffisamment pris en compte, voire ignoré.
Souhaitons-lui de mobiliser suffisamment
d’énergies pour
défendre cette thèse et, pourquoi pas, pousser la logique jusqu’à
inciter le
Gouvernement wallon à poser les choix budgétaires indispensables. En le
préférant à la construction dispendieuse de la bretelle autoroutière
CHB,
étendre à notre plateau ce projet de transport en commun
rapide devrait
devenir l’objectif prioritaire de tous les soumagnards.
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