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Année 2011 - Réflexions d'actualité 
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Centrales nucléaires ; le Progrès disaient-ils !

L’effroyable catastrophe japonaise nous le rappelle dramatiquement : aucune réalisation humaine n’atteindra jamais la perfection. Les discours sécurisants des apprentis sorciers exploitant l’énergie nucléaire sont battus en brèche par la tragique réalité.
 
Ce cataclysme évoque ainsi en moi quelques souvenirs. Dans une autre vie politique, en qualité de Conseiller provincial démocrate-chrétien, j’ai eu l’opportunité de participer aux débats concernant les énergies. En cause, notamment, l'octroi de la garantie provinciale à un emprunt global d'un milliard 200 millions de francs, destiné à l'achat d'une tranche d'énergie nucléaire par l’intercommunale SOCOLIE en copropriété avec INTERCOM.
 
Si vous avez la patience de les lire, je me permets de vous livrer ci-après, tels quels, deux extraits de mes interventions à la tribune du Conseil provincial, en opposition à la majorité PS – PSC dont je faisais partie. Faut-il rappeler que ces prises de position m’ont valu à l’époque d’être honni par les leaders du partenaire socialiste et d’être écarté d’une place utile sur les listes électorales de mon parti.
 
Cela se passait en 1978, c'est-à-dire :
  • 2 ans avant la création du parti Écolo.
  • 5 mois avant l’accident nucléaire de Three Mile Island aux États-Unis.
  • 7 ans avant la catastrophe de Tchernobyl en Union Soviétique.
  • 32 ans avant le désastre de Fukushima au Japon.
  • ? ans avant ?
C‘était du temps où en politique, nous étions jeunes, naïfs et inconscients. Jugez-en plutôt par vous-mêmes.
 
Pascal ÉTIENNE.
Le 31 mars 2011.

 
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Séance publique du Conseil Provincial de Liège du 11 octobre 1978
Compte-rendu analytique,  p. 223
 
… Je poursuivrai par quelques réflexions à propos d'un secteur vital, l'énergie, dont les problèmes sont ignorés dans le rapport. Voyons-les en premier lieu sous l'angle des économies. J'ai relevé au budget 1979 une somme de plus de 40.000.000 de francs consacrée à l'achat de combustibles, compte non tenu des institutions para-provinciales et des fournitures pour les Intercommunales.
  • A-t-on demandé au Service des Bâtiments d'étudier un plan visant à améliorer l'isolation de tous les bâtiments provinciaux et le rendement des installations de chauffage ?
  • Cette préoccupation est-elle suffisamment prise en considération lors de travaux d'aménagement, de réfection ou de construction de nos bâtiments ?
  • Il s'agit là d'investissements rentables dont la répercussion sur l'emploi n'est pas négligeable et dont certains peuvent s'effectuer par l'intermédiaire du cadre spécial temporaire.
  • D'autre part, la Province disperse-t-elle ses sources d'approvisionnement ou conclut-elle un contrat global pour l'achat de combustibles qui devrait lui permettre de bénéficier de tarifs privilégiés ?
Un second domaine qui me préoccupe est celui des énergies appelées alternatives ou assez paradoxalement « nouvelles », alors que ce sont les plus anciennes connues de l'homme. Il s'agit plutôt de « techniques » nouvelles de captation et de stockage de ces énergies.
  • Outre notre participation à la S.D.R., quelle contribution envisageons-nous d'apporter à l'essor de ces nouvelles techniques ?
  • Veillons-nous à ce que des entreprises de notre région soient présentes sur ce marché naissant ?
  • Les pouvoirs publics ne doivent-ils pas jouer un rôle pilote en ce domaine ? Dès lors, pourquoi ne pas promouvoir des expériences dans le cadre de nos propriétés provinciales ?
Je conclurai par quelques mots sur une forme d'énergie contestée : le nucléaire.
 
Plusieurs de nos communes sont directement concernées par ce problème, qui devrait d'ailleurs nous interpeller tous, tant il conditionne l'avenir même de notre société. Alors que dans ces communes, les sections de nos partis respectifs se sont souvent prononcées sans équivoque, le grand débat parlementaire sur le sujet, promis depuis longtemps, est constamment reporté.
 
Allons-nous aussi nous débiner indéfiniment ? …
 
 
 
Séance publique du Conseil Provincial de Liège du 19 octobre 1978
Compte-rendu analytique,  p. 457
 
… Oui ou non au nucléaire ? Et pourquoi ? Et ici, permettez-moi quelques considérations. Sans aller au fond du problème, quelques questions peuvent néanmoins être posées.
 
En 1974, l'Union des Exploitants Électriques de Belgique écrivait en conclusion de ses statistiques :
« Les entreprises d'électricité responsables de la pérennité du service d'intérêt public qu'elles assurent se doivent de poursuivre et d'amplifier leur programme de construction des centrales nucléaires. Nous restons persuadés que l'opinion publique rejettera les tentatives qui sont faites pour l'affoler, par ceux qui au lieu de collaborer à une amélioration des techniques d'utilisation dans le domaine nucléaire, ne cherchent, à travers leur combat, qu'à ravaler notre économie au niveau de celles des régions les plus déshéritées de notre monde. Ils oublient qu'une égalité dans les conditions de vie se recherche dans le progrès, une amélioration du bien-être, et non dans la généralisation de la misère et du sous-développement ».
  • Serait-ce donc là l'alternative : les centrales nucléaires ou le sous-développement ?
  • Constatons d'abord que des pays comme l'Iran ou le Brésil, bien que possédant des centrales nucléaires n'en sont pas moins sous-développés. D'autre part, agiter le spectre du sous-développement et se préoccuper soudain du progrès social n'est-il pas suspect de la part de financiers qui ont toujours été le principal obstacle à ce progrès ? Faut-il rappeler toutes les luttes, grèves, etc. qui ont accompagné chaque conquête sociale ?
  • Par ailleurs, en quoi la consommation accrue d'énergie est-elle nécessairement un signe d'augmentation du bien-être ?
  • Rien n'est en effet moins évident. Ces déclarations outrancières cachent mal les intérêts financiers sous-jacents à ces décisions. Est-il seulement possible d'imaginer que l'on pourrait étendre à l'univers, le mode de consommation des Américains quand on sait qu'ils consomment en moyenne deux fois plus d'énergie qu'un Européen et 27 fois plus qu'un habitant du Tiers-monde ?
  • Au contraire, la crise ne doit-elle pas nous inciter à envisager une révision fondamentale de notre mode de vie qui permettrait par ailleurs le développement du Tiers-monde ?
Voyons également quels avantages, ses promoteurs reconnaissent au nucléaire.
  • L'indépendance énergétique :
    • avons-nous des gisements d'uranium exploitables en Belgique et en Europe ?
    • sait-on combien de temps une centrale nucléaire doit produire avant d'avoir compensé la consommation d'énergie nécessaire à sa construction ?
  • Prix de revient peu élevé ; a-t-on comptabilisé à leur juste valeur :
    • les coûts de la recherche : plus de 2 milliards en 1975 à charge de la collectivité ;
    • les coûts du rejet thermique : qui financera la construction de barrages pour soutenir l'étiage de la Meuse, par exemple ;
    • les coûts sociaux : le traitement et le stockage des déchets, de démantèlement des réacteurs, l'immobilisation, la remise en état des sites, les assurances qui n'ont aucune commune mesure avec les risques encourus en cas d'accident grave ;
    • les coûts de contrôle, de protection, de soins de santé ?
Par ailleurs,
  • A-t-on étudié quels pourraient être les résultats d'une politique qui consisterait à orienter la recherche et les investissements vers la mise au point d'énergies alternatives, la réduction des gaspillages par les transformations successives, la mise au point de procédés de fabrication énergétiquement plus économiques ?
  • Croyez-vous que la politique énergétique de M. CARTER qui va dans ce sens a pour objectif de provoquer le sous-développement des États-Unis ?
  • Ne voilà-t-il pas suffisamment de questions qui justifient un débat parlementaire et pourquoi pas un débat provincial ?
  • N'est-ce pas suffisant pour nous inciter à la prudence ? Nous pourrions, nous devrions encore y ajouter toutes les conséquences concernant l'environnement.
Pour ma part, en tout cas, face à ces interrogations capitales, je ne peux, en conscience, marquer mon accord sur la proposition de la Députation permanente qui consiste à mettre le pied dans un engrenage que certains voudraient irréversible…

 
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