|
Visionnaire ?
Le hasard fait
quelquefois bien les choses. Alors que la dernière citation du mois
traitait de ce thème, l’actualité nous permet d’en approfondir un
aspect.
Ainsi, reconnaissant implicitement l’impact de notre site régulièrement
dénigré par lui, notre Bourgmestre nous a interpellé afin d’exprimer
son souhait d’y voir faire état de ses facultés visionnaires révélées
dans le dossier du « Holding communal ». Voilà qui est fait.
Il suffisait de demander.
Quoique !
Nous supposons que, selon une définition du Robert, M. Janssens
n’entend pas dans le terme visionnaire : « celui qui a des
idées folles », mais plutôt : « celui qui est capable d’anticiper, qui
a une vision juste de l’avenir ».
Rappelons d’abord que chaque
Conseiller communal de Soumagne pourrait se targuer de ce titre
puisque la décision en question a été votée à l’unanimité. De quoi
s’agit-il ? Pour mieux comprendre, voir ci-après un bref historique.
Ainsi donc, en 2009, Soumagne fit partie des 110 communes belges ( 47
wallonnes ) refusant, à des conditions très ( trop ) intéressantes (
13 % pendant 10 ans ), de recapitaliser
le Holding communal en situation de faillite à la suite de la
crise financière, et ce à raison de 50.000 € minimum. L'enjeu étant de sauver le capital. Puisque, à
la suite d'une nouvelle crise, la situation de faillite se répète,
c’était une bonne décision pour
les finances communales.
Néanmoins, comme toutes les communes, Soumagne perdra dans la liquidation son capital
investi au cours des années, soit 15.105 actions ordinaires du Holding
communal encore comptabilisées à 18,65 € dans le bilan 2010
et 4.770 actions privilégiées B à 40,96 € en 2009 au moment de
leur émission. Au total, 281.720 € + 195.379 €, soit
477.099 € ou 814.080 € à leur valeur estimée en 2009 ou
370.685 € à leur valeur estimée en 2010.
Tous partis confondus, les administrateurs du Crédit communal et
ensuite du Holding communal ont une responsabilité énorme dans ce
désastre, mais nous nous abstiendrons de toute critique, trop facile
après-coup.
« Nous avions raison en 2009 de nous désolidariser du Conseil
d’administration suivi par la majorité des communes belges et de
refuser de nous endetter davantage pour sauver le Holding communal de
la faillite », argumente M. Janssens. Personne n’est devin, mais à
la lumière des événements actuels et d'un point de vue financier, on ne
peut qu'approuver.
Par contre, éthiquement,
laisser prendre les risques aux autres en espérant que l’opération
réussira au bénéfice de tous, cela
se discute. « Le rôle des autorités publiques n’est pas de
jouer l’argent des citoyens en bourse », ajoute-t-il. Parfaitement
d’accord, mais pourquoi ce qui
est vrai aujourd’hui ne l’était-il pas auparavant ?
En 1996, ardents défenseurs des services publics, où étaient le PS et
son « Député-Bourgmestre » visionnaire Charles
Janssens ? Ils votaient à deux mains la privatisation et l’entrée en bourse
du Crédit communal, source de tous les maux ! *
Pascal
ÉTIENNE.
Le 04 novembre 2011.
* La seule opposition viendra du
mouvement Écolo. « Cette opération est une privatisation qui n’ose
pas dire son nom, relève Jacky Morael. Jusqu’ici, les communes et les
provinces étaient les seules propriétaires de la banque. Demain, par le
jeu des participations croisées et de l’introduction en bourse, elles
ne détiendront plus que 35 % du capital et n’auront plus que 6
représentants sur 22 au Conseil d’administration du CCB. Car il ne faut
pas se leurrer : bien que présenté comme l’homologue français du
Crédit communal, le CLF est bel et bien un établissement de crédit
privé. »
Jacques
MODEN
« Les
privatisations en Belgique », p. 83
Crisp
|
|
|
La
banque « Crédit Communal - Dexia » :
- 1860 – Création de la banque publique « Crédit
communal » spécialisée dans le financement des investissements des
pouvoirs locaux.
- 1947 – Développement d’un réseau d’agences
pour récolter directement l’épargne auprès du public.
- 1960 – Le réseau se professionnalise et
élargit sa gamme de produits et de services.
- 1990 – Lancement de l’expansion internationale
de la banque au Luxembourg.
- 1991 – Vote des lois réformant les
entreprises publiques et le secteur public du crédit ouvrant la porte
aux privatisations sous le gouvernement CVP-PS.
- 1991 – Échec de la création d’une
« grande banque publique belge » par fusion avec la SNCI et
l’OCCH.
- 1995-1996 – Échec de la création d’une
« grande banque belge » par fusion avec la BBL et la Générale
de banque.
- 1996 – Alliance avec le Crédit local de France
privatisé depuis 1993 et donnant naissance à Dexia.
- 1996 – Introduction en bourse de la première
tranche du CCB-Holding.
- 1997 – Extension vers l’Italie.
- 1999 – Fusion de Dexia Belgium et Dexia France
en une structure unique cotée en bourse.
- 2000 – Extension aux États-Unis et dans la
plupart des pays de l’Union européenne.
- 2001 – Fusion avec les banques Bacob et
Artesia.
- 2005 – Extension vers le Canada.
- 2006 – Extension vers la Turquie.
- 2008-2009 – Première crise financière. Sauvetage
par l’État et plan de restructuration.
- 2010 – Passe avec succès les stress tests.
- 2011 – Deuxième crise financière.
Démantèlement de la banque pour la sauver de la faillite et
nationalisation complète de Dexia Banque Belgique.
Le
Holding communal :
- De
longue date, les communes sont actionnaires du Crédit communal pour un
minimum de 5 % de leur emprunt.
- De ce fait, leur participation aux
bénéfices leur permettait de recevoir annuellement des dividendes non
négligeables.
- En 1996, à la suite de l’alliance
du CCB avec le Crédit local de France, création du Holding communal qui
concentre les participations des communes (70 %) dans la nouvelle
structure CCB-Holding qui deviendra Dexia.
- En 2009, à la suite de la première
crise financière, les autorités fédérales et régionales, notamment le
ministre PS Furlan, invitent les communes à recapitaliser le
« Holding
communal » menacé de faillite, en recourant si nécessaire à
l’emprunt.
- 110 communes (47 wallonnes), dont
Soumagne, refusent d’investir dans ce projet au détriment de la
solidarité avec les autres communes du Royaume.
- En suite aux différentes opérations
de fusion et d’augmentation de capital, la participation du Holding
communal dans le groupe Dexia s’est réduite de 70 % à 14,14 %.
- Dans son bilan 2010, la
participation dans Dexia représente 82,1 % du total des
participations du holding.
- En 2011, nouvelle crise financière au
départ de la Grèce. Sortie de Dexia Belgique, reprise à 100 % par
le Gouvernement belge.
- Le Holding communal reste par
conséquent actionnaire de la banque résiduelle appelée « Bad
Bank » et
concentrant tous les avoirs toxiques ayant perdu une grande partie de
leur valeur.
- Il se retrouve donc virtuellement en
nouvelle situation de faillite.
Sources : Holding communal – Crisp
– Wikipedia
|
|