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L'image
du mois
Meilleurs Vœux
Parmi une multitude de cartes s’accumulant depuis des
années dans un coin de mon bureau, j’ai extrait ce dessin d’enfant :
une
vision du bonheur, un hymne à la vie, à la nature. Y compris dans notre
pays, le thème de l’enfance se raccroche pourtant à une triste réalité.
À maintes reprises, il nous a été rappelé dernièrement que 80.000
enfants de moins de 6 ans en communauté française, soit environ
un sur
quatre en Wallonie et un sur trois à Bruxelles vivaient sous le
seuil
de pauvreté. À cette indignité, quelles réponses nous
propose-t-on ?
- Aux yeux de nos principaux gouvernants, ce
n’est semble-t-il pas assez puisqu’ils s’ingénient à créer davantage de
pauvreté par une série de mesures touchant les familles les plus
précarisées. Au fur et à mesure de l’évolution de la crise, les
inégalités s’accroissent ; les pauvres sont les premières
victimes, les riches les seuls bénéficiaires.
- Aux yeux de la RTBF, ce
n’est pas supportable et elle se mobilise en
lançant une vaste opération humanitaire « Viva for Life »
appuyée par
une campagne mi-publicitaire, mi-commerciale. On voit ainsi des
vedettes du spectacle et du sport aux revenus parfois indécents ou des
grandes sociétés privant l’État de justes ressources indispensables à
son action « montrer l’exemple » et faire appel sans vergogne
à la
générosité du bon peuple. On voit même des ministres sans gêne venir
médiatiquement au secours des victimes de leur incurie !
- Et nous, que
répondons-nous ? Sachant que sur la carte du monde, la
Belgique fait partie des nations privilégiées, dites développées,
acceptons-nous cette situation avec fatalité ?
- Que dire en plus de la
condition de millions d’enfants de par le monde,
victimes des horreurs de la violence, de la guerre, de l’exode, de la
malnutrition, de la faim, qui crie vengeance au ciel ?
De nombreux citoyens posent de généreux gestes de solidarité ;
malheureusement la charité ne suffit pas. Pas plus que le
« plan » de la Région wallonne, récolter 40 € par
enfant, sans compter les plus de 6 ans et les parents, ne peut
évidemment résoudre le problème.
Fruit de mécanismes sociaux, cette pauvreté ne pourra être enrayée sans
un changement de paradigme. Comment y parvenir si davantage de citoyens
indignés et actifs ne se lèvent pas pour imposer des
structures économiques et sociétales plus humaines, plus solidaires et
plus fraternelles ?
Quelle que soit notre situation personnelle, puissions-nous avoir la santé, la
lucidité, la volonté, le courage, la générosité et l’obstination
nécessaires pour participer à une telle tâche. À l’encontre
d’habituels souhaits de satisfactions éphémères, tels sont les vœux de bonheur
véritable que je me permets de formuler à l’aube de cette année
nouvelle.
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le 31 décembre
2015
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