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« Sans
changement de paradigme, le chômage ne peut que s’amplifier »
Jules GAZON
Professeur émérite, HEC, École de gestion de l’ULg.
Carte blanche, Le Soir du 28/02/2014.
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Chômage,
Emplois et Politiques
Campagne
électorale oblige, c’est la foire aux enchères. Selon la tradition,
chacun y va de son plan : 100.000 créations d’emploi par ci,
140.000 par là, l’avenir est assuré !
Du coup, on se demande pourquoi ces partis, au Gouvernement de longue
date, n’ont pas appliqué leurs
recettes plus tôt. Celles-ci étant d’autant plus nécessaires que
le Forem nous annonce ses derniers chiffres.
À la fin du mois de février, la Wallonie comptait 200.501 demandeurs
d’emploi et d’allocations et 20.751 jeunes en stage d’insertion
professionnelle, soit une hausse de 1,9 % par rapport à février
2013 pour atteindre 14,1 %
de la population active.
Dans ce contexte, la carte blanche de notre ancien Bourgmestre a retenu
toute notre attention. Il y explique pourquoi, selon lui, « le modèle actuel de
gestion du chômage ne peut qu’amplifier son expansion ». Il
met en exergue l’importance du chômage
de longue durée dont les effets spécifiques ne sont pas pris en
compte par le monde politique.
« Le système
actuel transforme en handicapé social le travailleur qui perd son
emploi et qui n’en retrouve pas dans un délai raisonnable »,
affirme M. Gazon. Cette analyse corrobore largement les
observations nées de la pratique des opérateurs de formation pour
« adultes demandeurs d’emploi », qu’il nous a été donné de
partager durant notre carrière professionnelle.
« Mettons fin
à cette machine infernale qui s’autoalimente des enfants des chômeurs »,
préconise-t-il. Chacun approuvera, mais comment mettre fin aux
conséquences négatives d’une situation d’assistance prolongée ?
Pour résoudre ce problème des chômeurs devenus « inemployables »,
M. Gazon propose de substituer
un contrat d’emploi aux allocations et donne les grandes lignes
de ce dispositif dont nous avouons ne pas bien saisir toutes les
subtilités.
Nous ne nous prononcerons donc pas sur l’efficacité de son projet, mais
nous exprimerons néanmoins quelques
réserves. Indépendamment du fait que M. Gazon ne nous a pas
toujours convaincus, si nous sommes sceptiques, c’est notamment parce
que le pouvoir politique est relativement impuissant face aux
nombreuses suppressions d’emploi annoncées.
En outre, comme nous le rappelait encore récemment Jean Faniel, « … les groupes
d’entreprises sont en mesure d’influencer la décision politique,
parfois bien plus que ne le peut un déplacement important de voix lors
d’un scrutin » *.
Aussi, dans ce contexte économique désormais mondialisé, les partis
politiques seraient bien inspirés de commencer par un exercice
d’humilité et de reconnaître les
limites de leur pouvoir. Cela éviterait de nouvelles déceptions
à ceux qui seraient tentés de prendre leurs promesses pour argent
comptant.
Pascal
ÉTIENNE
Février 2014
* Jean FANIEL, « Droit de vote. D’une
conquête à une corvée »,
Les @nalyses du
CRISP en ligne, 1er janvier 2014, www.crisp.be.
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