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Année 2014 - Réflexions d'actualité 
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Méthode globale

En chacun de nous, la rentrée des classes évoque notre propre première rentrée. Pour ma part, ce fut en 1948 du temps où Évegnée et Tignée étaient encore deux communes distinctes.
 
Dans notre petite école, commune aux deux villages, nous fûmes les premiers à expérimenter sommairement la méthode analytique, dite globale, d’enseignement de la lecture par laquelle on aboutit à la compréhension à partir d’un ensemble de mots.
 
C’était évidemment en opposition à la méthode syllabique dans laquelle on part de la lettre pour aboutir aux mots en passant par les syllabes.
 
Je ne suis pas qualifié pour discourir sur les avantages et inconvénients pédagogiques de ces méthodes, mais entre autres vertus, la méthode globale était censée correspondre à l’observation telle qu’on la pratique dans la vraie vie et à orienter notre raisonnement dans ce sens. Pour l’illustrer, prenons un exemple simple.
  •  Si je compare les différents moyens de locomotion pour me rendre à Liège, je constate que la voiture est la plus rapide. Dès lors, en raisonnant à partir de cette situation individuelle, je revendique la construction de routes et autoroutes convergeant vers la ville et j’affiche fièrement : « ma voiture, c’est ma liberté ».
  •  Si nous sommes des dizaines de milliers à faire le même raisonnement, on aboutit à l’engorgement de la ville et la voiture devient plus lente que le vélo. En raisonnant globalement, nous aurions fait ce constat au préalable et plaidé pour le développement des transports en commun.
On peut évidemment appliquer ces deux modes de pensée à d’autres domaines. Évoquons brièvement deux sujets relatifs à l’emploi.
 
1. Au sein d’un pays :
  •  Si un jeune chômeur particulièrement débrouillard décroche un emploi, certains en concluent qu’il suffit « d’activer » les chômeurs pour éradiquer le chômage.
  •  Si on examine globalement le nombre d’emplois disponibles, on constate qu’ils sont moins nombreux que les chômeurs. Cette situation est donc comparable au jeu de la chaise musicale. Quels que soient la qualification, le dynamisme ou la volonté de chacun, un certain nombre d’entre eux sont condamnés à rester sur le carreau.
2.  Au niveau de la « Mondialisation » :
  •  Si un pays, par exemple l’Allemagne, réduit les salaires de ses travailleurs, il améliore sa compétitivité, augmente ses ventes, ses exportations et par conséquent son volume d’emplois. En raisonnant à partir de ce cas individuel, on déclare « les réformes néo-libérales sont la solution à la crise économique ».
  •  Si chaque pays dit « développé » de notre planète fait de même, le degré de compétitivité entre eux reste constant et la situation économique stagne, exception des travailleurs qui s’appauvrissent. En raisonnant globalement, on s’orientera plutôt vers un système économique qui assurera durablement la prospérité des uns sans se fonder sur l’exploitation ou la misère des autres, actuels ou futurs.
En multipliant les exemples, on peut dès lors s'interroger. Comment comprendre que de brillants esprits puissent encore aujourd’hui continuer à promouvoir la priorité à la voiture, l’accroissement des inégalités, la régression de la sécurité sociale, la construction de centrales nucléaires ou la privatisation de tous les services publics comme solution à tous nos maux ?
 
Récemment, Michel Delbaere, président de l’association des patrons flamands VOKA, nous donnait naïvement la réponse. « Nous ne défendons pas des intérêts, mais simplement, l'intérêt général », déclarait-il dans une interview à la presse (1).
 
Puisque, selon leur raisonnement, les intérêts particuliers des possédants se confondent avec l’intérêt général, on ne voit pas pourquoi ils changeraient de mode de pensée.
  
Hélas, cette réflexion de M. Delbaere n’est pas la blague du week-end comme l’a ironiquement laissé entendre le professeur Pascal Delwit (2), mais le fondement de la politique que l’on tente sérieusement de nous imposer.
 
Pascal ÉTIENNE.
Le 2 septembre 2014.
 
(1) Le Soir du 23/08/2014
(2) Twitter.com/PDelwit

 
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