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« Une
Wallonie autonome n’est pas soutenable au plan des finances publiques
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Jules GAZON
Professeur émérite, HEC
Ancien Bourgmestre de Soumagne
Carte blanche « Le Soir », 08/10/2015
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Contraste
Par
hasard, cela s’est passé le même jour. Tout en sourire et fier de lui,
le Gouvernement wallon présente son budget 2016 aux médias.
Dans
le journal, notre ancien Bourgmestre publie une carte blanche sous
l’intitulé « Wallonie,
connais-toi toi-même ».
D’un côté, des mandataires politiques d’un optimisme béat nous assurant
que tout va mieux, que nous sommes sur la bonne voie, de surcroît sans
effet pénible pour la population. De l’autre, un économiste
démontrant
que la Wallonie n’aurait pas les
moyens de survivre en autonomie.
Le paradoxe veut que ce scientifique soit aussi un ancien homme
politique, une personnalité forte, élue Bourgmestre de Soumagne en
1982. Je l’avoue : à l’époque, conseiller communal dans la
minorité comme il se doit, c’est peu dire que je n’avais pas trop
apprécié son action à la tête de notre commune.
Or, aujourd’hui, libéré de ce carcan partisan soumis à la pression
électorale, M. Gazon se
démarque au travers de ses écrits de
l’expression officielle du PS wallon. On peut être ou ne pas
être
d’accord avec sa vision de la Wallonie, mais elle me paraît marquée du
sceau de l’authenticité et de la rigueur qu’on ne lui connaissait pas
en sa qualité d’homme politique.
Dès lors, on est en droit de s’interroger :
- Aurait-il pu tenir de tels propos s’il
était resté mandataire PS ?
- Pourquoi n’est-il
apparemment pas possible pour les Ministres régionaux de tenir ce langage vrai ?
- Pourquoi ne
peut-on pas considérer le citoyen comme un adulte à qui on peut dire la
vérité ?
Un
autre exemple : ce mercredi 28/10, M. Magnette
expliquait à la RTBF que la Wallonie avait maintenant des taux de
création d’emploi comparables aux moyennes nationale et européenne.
« Nous avons rejoint le
peloton », en concluait-il en
utilisant une métaphore cycliste.
Mais depuis quand un coureur largué « très, très loin
derrière » selon son expression, et roulant désormais à la même
vitesse que le peloton rattrape-t-il
celui-ci ?
Osons le croire : dans leur grande majorité, les citoyens ne sont
pas dupes. Dans ces conditions, est-il abusif d’y voir là une cause
majeure de la désaffection de la
population envers les structures
politiques et dont les conséquences mènent tout droit à des
dérives
extrêmes ?
Pascal
ÉTIENNE
Octobre
2015
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