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Les
« Rambos » de la Politique
Hélas !
L’année 2015 s’est terminée comme elle avait commencé, par des
attentats terroristes
à Paris. Ces horribles événements ont marqué
profondément l’actualité française et belge depuis plusieurs semaines.
Sous le couvert de
mesures sécuritaires, nos élites politiques se sont
illustrées par leur apparente détermination, mais aussi par une volonté
manifeste de démontrer leur sang-froid, de soigner leur image de
dirigeants responsables, voire de redorer leur blason par un discours
viril.
À l’appui de ce sentiment, j’ai épinglé quelques décisions et
déclarations martiales dont nous avons été gratifiés pour nous « rassurer » :
- Répétant
les erreurs
de l’américain George W. Bush après le 11 septembre 2001, le Président
français François Hollande, qui n’en manque pas une, a confondu une
poignée d’assassins avec une armée de centaines de milliers d’hommes et
a décrété « La France est en
guerre ». (1)
- Notre
gouvernement dirigé par M. Michel a aussi déployé la police et l’armée
dans les rues des villes.
- Dans notre capitale et quelques autres
cités, en suite aux investigations des services de
renseignements, par définition confidentiels, et à l’initiative d’on ne
sait pas toujours de quel ministre mal informé tant le système
institutionnel belge est compliqué, on a annulé diverses manifestations
culturelles et sportives.
- Comme il se doit, Joëlle Milquet s’est
illustrée en fermant les
écoles à Bruxelles… et en les rouvrant sans qu’on sache très
bien
pourquoi.
- M. Jan Jambon, ministre de
l’Intérieur, s’est engagé à « nettoyer
Molenbeek ». (2)
- On nous a fait miroiter l’épouvantail d’un dangereux
survivant dont
tout porte à croire qu’il a été effrayé par ses propres actes, et que
la panique et le zeste d’humanité restant en lui l’ont empêché d’aller
jusqu’au sacrifice suprême.
- Pour ne pas être en reste, les médias
nous ont assommés
d’émissions
spéciales et de pages supplémentaires pour nous apprendre qu’il n’y
avait aucune nouvelle information importante à communiquer.
- À Paris, après l’assaut d’un appartement
et pour nous imprégner de la gravité de la situation, on nous a
informés que les
policiers avaient tiré 5.000
munitions... pour tuer deux
terroristes ! (3)
Autant d’initiatives de
ces nouveaux « Rambos » de la
politique qui ont eu le don d’attiser
les sentiments d’inquiétude, de
peur, de panique que l’on prétendait combattre et qui sans doute, dans
leur enfer céleste, ont fait tressaillir d’aise les jeunes
« martyrs ».
Heureusement, au-delà des mises en scène superflues ou destinées à
dramatiser la situation pour mieux mettre en évidence l’action des
gouvernants, certaines langues se
sont déliées après coup pour
relativiser tous ces événements.
Mais sont-elles entendues ?
Pas suffisamment à mon avis, c’est
pourquoi j’ai relevé quelques-unes de leurs déclarations :
- « Pour le
Bataclan, il n’y avait pas de menaces précises. Il y avait des vigiles,
ils ont malheureusement été abattus. S’il y avait eu des policiers, ils
auraient été abattus aussi. Quand on mitraille des bars, aucune
protection n’est possible face à des terroristes aussi
déterminés », reconnaît le Premier-Ministre français Manuel
Valls
avouant ainsi maladroitement l’inefficacité des coûteuses mesures
prises par son gouvernement. (4)
- « À l’échelle
individuelle, la probabilité de succomber à un
attentat terroriste est infime. Il existe bien plus de risques de
mourir à cause de la foudre ou d’une piqûre d’abeille ! »,
analyse Pascal de Sutter. (5)
- « Nos policiers et
militaires seront bien plus utiles dans la
traque des islamistes armés qu’à prendre froid passivement devant les
gares… Cela ne sert à rien d’autre qu’à nous donner une illusion de
sécurité », ajoute-t-il.
- « La peur n’écarte
pas le danger. Peur ou non, cela ne va pas
avoir un effet salvateur ni protecteur. Au contraire, la peur est un
sentiment instinctif qui entraîne des réactions comme celles que nous
proposent les gouvernements actuels », déclare Henri
Bartholomeeusen, président du Centre d’Action Laïque. (6)
- « Un état de guerre,
c’est un état de non-droit. Tout est remis
en question à partir du moment où la réponse est la guerre »,
précise-t-il.
- « J’ai plus peur pour
l’évolution environnementale que du
terrorisme ou de l’obscurantisme pour l’avenir… Les dangers liés à
l’environnement sont nettement plus importants, car il s’agit de
l’avenir de la planète, de la civilisation », déclare
d’emblée le
professeur libéral flamand Paul De Grauwe peu suspect d’écologisme. (7)
- « Le risque d’être
tué par des terroristes est infinitésimal par
rapport au risque encouru en prenant sa voiture par exemple. En
Belgique, chaque année, 800 personnes meurent sur les routes. C’est 6
ou 7 attentats comme Paris ! », fait-il judicieusement
remarquer.
- « Fermer les écoles
relevait du délire », déclare le
Bourgmestre bruxellois Yvan Mayeur, qui lui-même supprime le feu
d’artifice du Nouvel An alors que la menace est descendue au
niveau 3. (8)
- « Je pense qu’il y a
eu une panique, une psychose due à des
problèmes d’information et de communication », souligne Laurette
Onkelinx. (9)
- « La majorité crée un
bruit de fond anxiogène », fait remarquer Zakia Khattabi.
(10)
- « En s’intéressant
sans cesse à la menace terroriste, les médias
participent au problème. À trop poser la question de la présence du
public dans les théâtres, à force de dire qu’il y a moins de monde… eh
bien on va finir par avoir moins de monde dans les théâtres »,
note Albert Maizel président de « La Toison d’Or » à
Bruxelles. (11)
- « Vous vous souvenez
de ces conférences de presse données, en
direct, par le parquet fédéral dans les jours et même les nuits, qui
ont suivi les attentats de Paris ? Moi, elle m’a écœuré cette
façon de surfer sur la peur pour obtenir plus de pouvoir »,
dénonce l’avocat Sven Mary. (12)
- « Quand
je vois certaines réponses données par le gouvernement
Michel à la menace terroriste, il s’agit de mesures antilibérales. Cela
restreint notre liberté… Cette réaction exagérée du gouvernement belge
est due à sa volonté de montrer au monde que la Belgique n’est pas un
État faible. C’est une erreur. C’est disproportionné et cela entache la
réputation de la Belgique », conclut le journaliste
anglais Bruno
Waterfield. (13)
Dès lors, pourquoi ne
pas admettre cette vérité : seuls
les
services de renseignements peuvent permettre de déjouer ces
attentats,
car le principe de base d’un terroriste n’est-il pas d’attaquer là où
on ne l’attend pas ?
Souvenons-nous des attentats précédents en Égypte. Nombre de touristes
ont déserté les lieux, les agences de voyages ont supprimé ce pays de
leurs destinations. Pour aller où ? À Paris ?
On le sait, la peur est mauvaise conseillère. C’est pourquoi dans ce
contexte, s’il fallait décerner la
palme de la nouvelle la plus
rafraîchissante, je l’attribuerais volontiers à ce militaire qui
a
compris la vacuité de sa
présence dans les rues de la Capitale et dont
l’esprit s’est concentré davantage sur la convivialité de la fête
familiale de Noël que sur la traque de criminels improbables.
Photo
Lizz Printz
Justice lui soit
rendue d’avoir, fût-ce involontairement, dédramatisé la
situation en nous rappelant à la réalité ! Alors oui, ces
événements sont extrêmement graves, mais de grâce, que cela ne nous
empêche pas de vivre !
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne, le 04 janvier
2016
(1) Discours du
16/11/2015 devant le Congrès.
(2) LaLibre.be, le 14/11/2015.
(3) rtl.be, le 18/11/2015.
(4) Le Soir du 25/11/2015.
(5) LeVif.be, le 06/12/2015.
(6) Le Soir du 21/11/2015.
(7) Le Soir du 21/11/2015.
(8) LaLibre.be, le 20/12/2015.
(9) Le Soir du 05/12/2015.
(10) Le Soir du 26/11/2015.
(11) Le Soir du 02/01/2016.
(12) Le Soir du 28/12/2015.
(13) Le Soir du 25/11/2015.
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