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« La
démocratie n’est pas une destination, c’est un chemin, et un chemin
que, par essence,
il faut construire avec le plus grand nombre.
»
Olivier BIERIN
Chercheur associé chez etopia
levif.be, le 17/06/2017
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Le Pouvoir du Citoyen
Inédit, tel est
le qualificatif le plus approprié pour caractériser les derniers
événements politiques francophones. Qui aurait cru que la « bonne
gouvernance » serait tout à coup à l’ordre du jour de tous les
partis traditionnels ?
Qu’il suffise par exemple de se souvenir de la révélation en novembre
2016 d’un accord conclu entre le PS, le cdH et le MR afin de
réintroduire des possibilités supplémentaires de cumul en Wallonie. Ce
fut un premier signe du pouvoir du citoyen : en suite aux
réactions scandalisées de la population, ce projet fut renvoyé aux
oubliettes.
Faut-il en croire ses oreilles, quelques mois plus tard, sous la
pression des affaires à Charleroi, de Publifin à Liège, du Samusocial à
Bruxelles, on entend les mêmes protagonistes rivaliser d’audace
pour présenter des propositions totalement inverses.
N’est-il pas surréaliste par exemple d’entendre E. Di Rupo lui-même
plaider en faveur du décumul. Mais faut-il lui faire confiance alors
qu’il s’accroche aussi longtemps que faire se peut à ses multiples
mandats rémunérés ? Bourgmestre de Mons, Député fédéral, Président
du PS, excusez du peu !
Même le MR, allié servile de la NVA, acteur de premier plan dans le
dossier Publifin, empêtré dans le scandale du Kazakhgate, n’hésite pas
à se faufiler dans la peau d’un donneur de leçons et se verrait bien en
sauveur de la Wallonie.
Que dire alors du cdH en perdition ? Dans la foulée des élections
françaises, son président B. Lutgen se rêve en E. Macron, alors qu’il
est comparable à F. Bayrou, désormais coulé à pic. À la tête d’un parti
longtemps associé aux dérives du PS, englué jusqu’au cou dans le
scandale Publifin, il s’ingénie à le faire oublier en se lançant
subitement dans une croisade éthique peu crédible.
Quelle mouche a donc piqué ces pyromanes pour qu’ils se découvrent
soudain des talents de pompiers ? Quel est l’effet déclencheur de
ces nouvelles convictions apparentes ? Car, ne nous y trompons
pas, il serait naïf de croire qu’il s’agit d’une brutale conversion,
semblable à celle de Saint-Paul sur le chemin de Damas.
Quoi qu’ils s’en défendent, les mandataires politiques sont obnubilés
par les sondages. Dès lors qu’ils sentent le souffle de la population
les poussant dans le dos vers la sortie, ils tentent, soit de s’adapter
par conviction, soit le plus souvent de faire semblant par nécessité.
Ces événements ont toutefois l’avantage de révéler au citoyen son
pouvoir, bien plus important qu’il ne se l’imagine habituellement.
Alors, profitons de ce « momentum », selon un mot à la mode.
Tapons sur le fer tant qu’il est chaud, maintenons la pression, ne nous
laissons pas déposséder de ce pouvoir. Rappelons à nos élus que dans
une bonne gouvernance, l’éthique et la participation citoyenne vont de
pair.
Personnellement, j’en suis convaincu, si nous sommes nombreux à en
prendre conscience, il est actuellement possible d’ajouter un tronçon
au chemin de la démocratie. Et pas seulement en Wallonie.
Pourquoi, par exemple à Soumagne, laisser les socialistes de tous bords
se permettre de promouvoir l’implantation controversée du complexe
commercial « Central Piazza » sans les contraindre à demander
l’avis de la population ?
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne, le 28 juin 2017
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