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Cumuler
pour Économiser ?
On avait déjà tout
entendu de la part de nos mandataires politiques pour justifier leurs cumuls :
l’ancrage local, la nécessité de porter la voix des campagnes et
petites villes, le moyen d’être plus utile, la connaissance du terrain,
la remontée des vrai problèmes. Que sais-je encore ?
Tout faisant farine au bon moulin, rien ne devrait donc plus nous
étonner. Néanmoins, on doit reconnaître que les pontes du cdH ont
frappé fort avec un argument fatal.
Au royaume de la bonne gouvernance et de l’éthique qu’ils nous
promettent depuis peu en Wallonie, on ne manque pas
d’imagination : le décumul intégral
coûterait trop cher !
« Les explications de Maxime
Prévot, ce sont les arguments de Bart De Wever avec la calculette de
Jacqueline Galand », a souligné le coprésident d’écolo
Patrick Dupriez. Comment arrive-t-on en effet à ce résultat extravagant ?
La technique paraît simple, voire simpliste : il suffit de faire
une comptabilité avec une colonne recettes et dans laquelle on oublie
la colonne dépenses ! Puisque la rémunération est limitée à
150 %, un mandataire cumulant deux emplois induit une économie
pour les pouvoirs publics de « 200 moins 150 », soit
50 % du coût d’un mandat, nous disent-ils.
En poussant ce raisonnement à son paroxysme, nous applaudirions ces
parlementaires et ministres qui se
sacrifient dans l’intérêt général en cumulant deux mandats.
Alors que certains ingrats, dont je suis, se permettent de les
critiquer !
Mais reprenons notre calcul. Il y a évidemment lieu de considérer les
cotisations sociales réduites qui viennent en décompte du
« bénéfice » éventuel. Mais aussi cette équation simple :
« Deux
emplois pour une seule personne = au niveau de la société un chômeur
supplémentaire »
De votre prétendue économie, n’oubliez donc pas comme au cdH de déduire le coût financier et le coût
social de ce chômeur.
Mais au-delà de l’aspect financier, il importe de rappeler sans cesse
l’argument majeur militant en faveur du décumul, à savoir l’éradication des conflits d’intérêts.
Même Charles-Ferdinand Nothomb, un ancien de la maison qui a occupé les
plus hautes fonctions au parti et au parlement déclarait à ce sujet
« Un seul homme ne
peut pas agir des deux côtés. Et j’ai pu constater aussi que ceux qui
cumulent finissent par privilégier les affaires locales, c’est normal. »
De ce point de vue, n’en déplaise aux moralistes du cdH, jamais le
cumul des mandats, quel qu’il soit, ne pourra s’accommoder avec l’éthique élémentaire
devant présider à la bonne marche de nos institutions.
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne, le 16 août
2017
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