« Soumagne Alternative Communale »

Année 2017 - Réflexions d'Actualité 
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Publifin : Où est le scandale ?

Les intercommunales sont des institutions créées pour rendre des services que les communes ne peuvent assumer seules. Par exemple, on n’imagine pas que chaque commune ait son propre hôpital. Leur nécessité ne fait par conséquent aucun doute.
 
Cependant, en Wallonie, ces organisations souffraient de deux défauts majeurs.
  1.  Leur organisation souvent opaque, manquant parfois totalement de transparence.
  2.  Leur prolifération générant des coûts abusifs, notamment relatifs à leurs directions et à leurs Conseils d’Administration où siègent de nombreux mandataires locaux.
Sous l’impulsion du Gouvernement wallon s’attaquant uniquement au deuxième problème, un certain nombre d’intercommunales ont fusionné.
 
À Liège :
 
En suite à la libération du marché de l’électricité, l’ALE (Association Liégeoise d’Électricité) devient en 2007 Tecteo Group regroupant 4 marques : RESA, VOO, Tecteo Invest et TECTEO Energy.
 
En 2010, TECTEO RESA absorbe l’ALG (Association Liégeoise du Gaz).
 
En 2014, pour ajouter à l’opacité, un nouveau modèle de gouvernance des structures du groupe est mis en place par l’entremise d’un holding financier public liégeois dénommé. « PUBLiFiN SCiRL ».
 
Désormais, on retrouve sous sa coupe une société de droit privé NETHYS INVEST échappant à tout contrôle public et où sont logées les participations financières détenues par le groupe à savoir : Resa, nethys energy, elicio, Voo, Be tv, Win, L’avenir.
 
Les faits :
 
Les choses sont ainsi faites dans les affaires qu’une situation suspecte ne devient un problème que si elle fait les grands titres de la presse.
 
Qui dit fusion, en principe dit économie, c’est à dire notamment : diminution des mandats chers à certains élus locaux qui doivent approuver ces fusions.
 
Pour les aider à se faire Hara-Kiri, il a été imaginé d’ajouter temporairement quelques mandats supplémentaires dans les nouvelles structures. On inventa donc des comités de secteur à l’utilité douteuse.
 
Chez Publifin, ces comités étaient composés de membres représentants les trois partis traditionnels, PS, MR, cdH, et rémunérés forfaitairement.
 
Chacun de ces partis y trouvant son compte, tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce qu’un administrateur cdH représentant la commune d’Olne parvienne à obtenir certaines informations refusées à l’administrateur écolo, et les divulgue à la presse.
 
Deux éléments font scandale :
  1.  Ces comités de secteur étant tellement « bidons » que certains membres, néanmoins rémunérés, ne trouvaient même pas utile d’y participer.
  2.  Le dénonciateur ajoute de l’huile sur le feu en calculant le montant exorbitant perçu par chacun par minute de réunion, ce qui fit les choux gras des médias.
Il faut le reconnaître, ce calcul est potentiellement fallacieux, car si un mandataire exerce correctement sa tâche, il passe bien plus de temps à s’informer et à étudier des dossiers qu’à participer aux réunions.
 
Mais ces mandataires peuvent aussi, chose fréquente, « faire confiance » aux dirigeants et se contenter d’approuver les décisions sans connaître les dossiers. Ce qui semblerait être particulièrement le cas ici, mais ne nous autorise cependant pas à généraliser.
 
L’hypocrisie :
 
Au fur et à mesure de l’impact médiatique, ces révélations ont provoqué des réactions politiques d’une hypocrisie sans nom.
 
Ainsi, les dirigeants des partis bénéficiaires PS, cdH, MR, feignent de tout découvrir. Certes, peut-être ne connaissaient-ils pas tous les détails, mais quand on organise l’opacité, ce n’est pas pour cacher des choses parfaitement honorables !
 
Épinglons notamment les Ministres du Gouvernement wallon MM. Magnette, Furlan et Prévot. Alors que, d’une façon ou d’une autre, ils ont participé à l’instauration de ce système en permettant la création de structures échappant à leur contrôle, ils tombent à bras raccourcis sur les lampistes. À leurs yeux, ceux-ci sont coupables de jeter le discrédit sur le personnel politique et on les somme de rembourser les montants indus desquels ils ont par ailleurs versé une contribution au parti !
 
On en viendrait à oublier qu’ils contournent eux-mêmes les règles pour cumuler leur mandat de Bourgmestre et de Ministre wallon. À ce sujet, n’a-t-il pas fallu une pression médiatique pour les faire renoncer il y a peu à un accord PS - cdH - MR destiné à légaliser certains cumuls interdits actuellement.
 
En outre, remarquons qu’il aura fallu de nombreux jours d’exposition médiatique pour que, sous couvert d’une apparente indignation, certains édiles du PS mettent en cause les organisateurs du système, à savoir M.M. André Gilles (17 mandats dont 7 rémunérés) 1 et Stéphane Moreau (17 mandats dont 8 rémunérés) 1.
 
Alors, où est le scandale ?
  •  Dans le chef des mandataires locaux qui ont perçu une rémunération non justifiée par un travail effectif ? Sans aucun doute.
  •  Dans le chef des responsables MM. Gilles et Moreau, abusivement rémunérés, qui s’assurent l’obligeance de subordonnés en mouillant les trois partis traditionnels ? Bien davantage.
  •  Dans le chef des responsables de partis, prompts à faire la morale aux autres, mais qui, à tout le moins, ferment les yeux quand ils ne participent pas eux-mêmes à des actions éthiquement douteuses ? Assurément, le plus révélateur.
Qu’en conclure ?
 
Qu’on le veuille ou non, ces comportements nourrissent les partis extrêmes que, par ailleurs, leurs auteurs prétendent combattre.
 
Sont-ils l’apanage du secteur public ? Dans ce cas, paradoxalement, c’est en organisant des sociétés de droit privé que les antagonistes ont contourné les règles à leur profit.
 
Que l’on ne s’y trompe pourtant pas. Contrairement aux apparences, les errements des rémunérations ne sont pas l’unique mésaventure. La source principale de ces dysfonctionnements se trouve davantage dans les conflits d’intérêts consécutifs aux cumuls.
 
Les éradiquer implique essentiellement d’appliquer trois règles absolues :
  1.  « On ne peut à la fois être le contrôleur et le contrôlé ». Autrement dit, tout cumul de mandat à des niveaux de pouvoir hiérarchiquement subordonnés (ex. Bourgmestre-Député) devrait être totalement interdit. Sans exception aucune !
  2.  « La limitation des mandats dans le temps ». Pour éviter que ne s’installent des pouvoirs abusifs et la professionnalisation du système, deux ou trois mandats maximum à un niveau de pouvoir devraient être permis (à l’instar des mandats présidentiels dans de nombreux pays).
  3.  « Une totale transparence dans le fonctionnement des institutions ». Seule, cette règle peut garantir le respect des autres.
Ne soyons pas naïfs. C’est à l’aune de ces réformes fondamentales que l’on verra la volonté réelle des leaders politiques wallons de respecter la population et leurs militants.
 
Et soyons réalistes. Pour ce faire, une pression citoyenne accrue et persévérante, amplifiée par les médias, sera indispensable.
 
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le 22 janvier 2017
 
1 - Source « cumuleo.be »
 
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P.-S.
Que l’on me permette une réflexion supplémentaire liée à une actualité concomitante. Serait-il moins choquant d’apprendre qu’un joueur de foot soit payé un million et demi d’euros par mois et que les nouveaux marchands d’esclaves de luxe auraient empoché 15 millions d’euros pour la vente de ce sportif aux enchères ?
 
Pourquoi ce scandale d’une ampleur autrement gigantesque provoque-t-il moins d’indignation populaire ? Notre société est-elle à ce point malade ?
 

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