|
L'exclusion !
Carte
Rouge ou But contre Son Camp ?
C’est
de toute évidence la question qui m’a été le plus souvent posée ces
dernières semaines. Eh alors : es-tu sur la liste ?
Invariablement, la réponse était celle-ci « Je ne sais pas, tout
ce que je peux dire : à ce jour non ! ».
En cause, un manque de renouveau de notre liste écolo plus, la
faiblesse des moyens mis en œuvre ne permettant pas à mon avis de mener
une campagne suffisamment efficace et ma situation personnelle liée
notamment à mon âge.
Défendre le bilan des 6 années écoulées,
oui. Se lancer dans un nouveau bail de conseiller communal, non ! Tel était, pour
différentes raisons, mon état d’esprit.
À l’intention de ceux qui ont cru percevoir que je m’accrochais à ce
mandat, je ne répéterais probablement jamais assez que je désirais
réduire mes activités. En cas exclusif où les électeurs me
renouvelleraient leur confiance, j’avais manifesté le souhait de me
consacrer désormais spécifiquement à l’aspect social de la politique
communale au travers d’une candidature au CPAS préalablement annoncée.
Ce fut le premier problème. Annoncer clairement ses intentions avant
les élections n’était pas au goût d’une minorité de mon groupe pour qui
la transparence et la compréhension des électeurs ont leurs limites.
Depuis le lundi 23 juillet, c’est résolu. Touchés par l’épidémie des
exclusions politiques à Soumagne, 5 ou 6 membres formant la majorité
des cotisants au parti écolo et désormais seuls juges d’une liste
devant contenir 25 candidats, ont décidé de me bannir de l’équipe.
Si c’était une instance arbitrale qui avait prononcé l’exclusion, on
pourrait parler d’une carte rouge. Venant de ses coéquipiers, on
évoquera plutôt un but contre son camp. Quoi qu’il en soit, que me vaut
cet « ostracisme » comme dirait M. Beulemans ?
- Mon âge ? Nullement, hélas. Ce serait
tellement agréable d’être poussé vers la sortie par une dynamique
équipe de jeunes désirant s’investir en faveur de la transition
écologique.
- Avoir agi seul dans un
dossier déterminé ? Mais que faire d’autre quand on est lâché par
les siens ?
Si je ne suis plus le bienvenu sur la liste parrainée par écolo, le
motif officiel se trouve essentiellement ailleurs. Ce n’en est que plus
inquiétant.
Rappelez-vous qu’au mois de décembre dernier, le budget communal avait
été refusé par une majorité des conseillers, dont Mme la Bourgmestre.
La cheffe de groupe écolo y avait détaillé les multiples raisons de
notre vote négatif au motif que ce budget ne reflétait pas nos options
politiques. Ce qui justifie en fait notre statut
d’« opposition ».
Mais en janvier, en suite d’une commission proposée par le MR, celui-ci
était disposé à modifier son vote négatif en abstention en échange
d’une modification dérisoire de 5.000 € sur un budget de près de
18 millions. Démarche par ailleurs inutile puisque le groupe de la
Bourgmestre capitulait sous les feux de la critique médiatique et
décidait de s’abstenir également.
En échange de vagues promesses, fallait-il par conséquent qu’écolo
s’aligne sur le revirement du MR ou, au contraire, n’était-il pas plus
conforme à nos valeurs de continuer à affirmer notre différence ?
Tel était le débat entre nous quand un élément a changé toute la donne.
Pour éviter de mettre la puce à l’oreille de la Bourgmestre, les
Échevins ont bafoué l’exigence légale de communiquer les documents
préalablement à la nouvelle réunion du Conseil communal. S’ajoutaient
également d’autres irrégularités liées notamment à l’urgence et à
l’absence de projet de délibération dont je vous épargne les détails.
Refuser de fermer les yeux sur ces irrégularités intentionnelles
cautionnées par les trois partis traditionnels PS-cdH-MR ne fait-il pas
partie de l’ADN d’écolo ? Malheureusement, à mon grand regret, je
fus le seul à assumer cette exigence éthique en refusant de participer
à ces votes contestables.
Pour mon confort personnel, j’aurais pu en rester là, mais jusqu’à
quelles limites peut-on laisser se développer les dérives occasionnées
par les mésententes au sein du Collège communal de Soumagne ?
C’est pourquoi, en lui transmettant le dossier, j’ai cru de mon devoir
d’alerter la Ministre MR des Pouvoirs locaux chargée de valider ces
décisions.
Embarrassant évidemment pour une Ministre d’intervenir à l’encontre des
membres de son parti. Alors, on ignore d’abord le courrier, puis on
traîne, on tergiverse, on demande une analyse à son administration dont
on garde le résultat au secret depuis le 9 avril.
Face à ces entraves, que me restait-il comme solution pour espérer être
enfin informé de l’avis d’une instance politiquement neutre ?
Introduire un improbable recours au Conseil d’État devant lequel chaque
personne raisonnable renonce quand il n’y a pas d’intérêts financiers
en jeu restait la seule voie encore possible.
Reste une question : pourquoi cette détermination à faire valoir
les principes de bonne gouvernance prônés par écolo — souvenez-vous de
Publifin — est-elle si mal perçue par une petite poignée d’écologistes
soumagnards ?
Si j’ai appris une chose en politique, c’est bien celle-ci. Si vous
voulez avoir une juste vision des choses, ne vous fiez pas aux
discours, mais observez attentivement les comportements.
Citons-en quelques-uns :
- Ma cheffe de groupe m’a demandé de soumettre
dorénavant mes publications à ce que j’appelle une censure sous le
prétexte que certaines d’entre elles indisposaient le chef de file du
MR en froissant l’arrogance du sieur Houet qui se voit déjà le nouveau
maître de Soumagne.
- On a exigé le retrait de
mon recours auprès du Conseil d’État contre
les arrêtés de la Ministre MR avalisant les procédures contestables du
Conseil communal de Soumagne.
- On alarme ridiculement
la population en répétant à l’envi que suite à
ce recours, la plus haute instance juridique du pays — composée de
dangereux irresponsables comme chacun sait — va mettre en péril le
fonctionnement de l’administration communale alors que, s’il y a lieu,
il suffirait pour régler le problème de revoter le budget dans le
respect des règles légales.
- M. Delchef, tête de
liste du PS, se plaît à manifester énormément
d’égard envers les conseillers MR et écolo qui ont fait preuve de
« responsabilité » en l’aidant à faire passer son budget.
Quelle conclusion en tirer ? Sinon, que nous sommes en période
préélectorale et que les anciens adversaires sont maintenant perçus
comme de potentiels futurs partenaires auprès desquels il y a lieu de
se rendre fréquentable.
Comment atteindre cet objectif, sinon en mettant au pas les trublions —
dont on apprécie néanmoins le travail et l’apport de voix — et, si ce
n’est possible, en s’en séparant avec regrets.
Cela dit, ce n’est certes jamais gai de se sentir incompris par
quelques amis, mais si vous n’êtes pas prêt à affronter sans rancœur ce
genre de situation, il ne faut pas faire de politique. Et quitter
mon mandat sur une intransigeance éthique sera, quoi qu’on en dise, ma
fierté.
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le 10 août
2018
|
25/07/2018 – Lettre à Pascal
Bonjour Pascal,
Lors de l’assemblée
générale des membres Ecolo de la locale de Soumagne de ce 23 juillet
2018, nous avons pris acte que tu considérais comme un conflit
d’intérêts ta participation aux votes qui te concernaient.
À vote secret et
majorité simple, ta demande d’adhésion au Parti Ecolo a été refusée.
À vote secret et
majorité aux 2/3, ta présence sur la liste électorale communale ECOLOPlus
a été refusée.
Nous te sommes
reconnaissants et nous te remercions pour la détermination combative et
l’investissement personnel que tu as mis à porter les valeurs qui te
sont précieuses et que tu as pu partager avec la locale Ecolo de
Soumagne jusqu’à présent.
Pour la locale
ECOLO de Soumagne,
Patricia
Delehouzée, trésorière et secrétaire faisant fonction.
|
|
|
|