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Une Interpellation citoyenne
entendue ?
Exceptionnellement, la citation de ce
mois ne se résume pas à une
phrase, mais concerne un texte entier. Par conséquent, notre
commentaire sera bref.
Il s’agit du contenu de
l’interpellation
citoyenne au sujet des
migrants adressée au Collège
lors du dernier conseil communal. Au nom
d’un groupe de citoyens dont j’étais invité à en faire partie,
Mme Carole Fouarge a prononcé une intervention dont vous trouverez
le
contenu ci-après. Si par contre, vous souhaitez l’écouter ainsi que la
réponse des autorités communales, cliquez sur cette icône.
Sachez cependant d’ores
et déjà que pour la première fois après 6
semaines de controverses, notre Bourgmestre et notre Présidente du CPAS
semblent avoir entendu l’appel qui leur était lancé et lui ont réservé
un accueil
relativement positif.
En cette période
hivernale à la veille de Noël, osons espérer que les
actes suivront rapidement les paroles, afin qu’au moins quelques
migrants supplémentaires puissent échapper à la situation de survie
dans une étable pour accéder à des infrastructures assurant des
conditions de vie et sanitaires décentes.
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne, le 23 décembre 2019
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Objet : Interpellation au sujet des migrants.
Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs
les Échevins,
Mesdames et Messieurs
les Conseillers,
Mesdames, Messieurs,
Nous en sommes
conscients : les flux migratoires font partie des défis auxquels
les États doivent répondre. Certes, la politique migratoire est une
compétence de l’Europe et du gouvernement fédéral. La Commune n’a
l’obligation d’intervenir que lorsque les migrants ont reçu le statut
de demandeurs d’asile ou le statut de réfugié ; ils peuvent alors
demander une aide financière du CPAS.
Mais à côté de cela, il
y a tous ceux qui n’ont droit à rien. Dès lors, ce sont des citoyens,
inquiets de voir les migrants privés de tout, qui sont allés à leur
rencontre pour leur proposer de l’aide. Ils leur ont ouvert leur maison
ou leur ont trouvé un logement — parfois de fortune —, ils se sont
démenés pour leur offrir l’essentiel qui préserve leur dignité humaine.
Les premiers bénévoles, vite débordés, ont été rejoints par
d’autres ; leur solidarité a accompli des miracles, jour après
jour.
Alertée,
l’administration communale de Blégny leur a donné accès aux
installations sanitaires d’un club de football où les migrants peuvent
aussi se réunir le mercredi autour d’un repas servi par d’autres
bénévoles.
De généreux
propriétaires ont proposé de mettre à disposition les installations du
tennis d’Ayeneux pour héberger durant les WE de cet hiver 20 à 25
jeunes. Comme le bâtiment était à l’abandon depuis un certain temps,
des bénévoles ont retroussé leurs manches, ont sorti brosses et
torchons, ont fait briller les espaces de vie et les sanitaires, et ont
nettoyé les abords ; un électricien a vérifié l’installation, un
chauffagiste a fait l’entretien de la chaudière. En un temps record,
les lieux avaient connu une véritable métamorphose et étaient prêts à
accueillir des jeunes dans un environnement digne.
Pour les assurances et
autres aspects administratifs, mais aussi pour coordonner l’encadrement
des jeunes, une ASBL – L’Odyssée du Monde – a été créée, et la Croix
Rouge est venue en renfort en fournissant matelas et couvertures. Grâce
à ce tour de force, un refuge chaleureux avait été aménagé et les
riverains étaient invités à le découvrir lors d’un goûter pour faire
connaissance de leurs nouveaux voisins Érythréens.
Malheureusement, cette
belle histoire a tourné court. Soucieuse apparemment de réserver aux
migrants un accueil et des conditions de sécurité optimales, l’autorité
communale, dans le chef de son Bourgmestre, a in extremis pris un
arrêté de mise en demeure de l’ASBL, sous peine de fermeture du site,
de lui fournir une série d’attestations avant toute occupation des
lieux. Ce qui était mission impossible dans des délais très courts, on
y aurait passé l’hiver.
Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs
les Échevins,
Mesdames et Messieurs
les Conseillers,
Mesdames et Messieurs,
Un nouvel hébergement
privé a été trouvé dans une commune voisine qui s’est montrée plus
pragmatique lorsqu’il s’agit de secours d’urgence et de solidarité, et
une vingtaine de jeunes seront provisoirement à l’abri. Mais en tant
que citoyennes et citoyens de Soumagne dont je suis la porte-parole,
votre décision nous a heurtés et nous tenons à vous interpeller.
D’autres communes
ouvrent leurs portes aux migrants et soutiennent les initiatives de
citoyens qui leur viennent en aide. Qu’en est-il à Soumagne ?
Dans votre déclaration
de politique communale 2019-2024, vous mettez la participation
citoyenne en avant avec insistance : « Soumagne doit être un
espace accueillant et accessible à tous », écrivez-vous ; et vous
poursuivez : « Un des buts premiers est de favoriser le
“vivre-ensemble” ». Et dans le chapitre consacré à l’intégration
et à l’aide sociale, vous vous engagez à « Encourager et soutenir
les actions de solidarité ».
Nous ne pouvons nous
résoudre à ce que le « vivre-ensemble » ne concerne que les
Soumagnards de souche et que les actions de solidarité ne visent que
« NOS pauvres », comme disent certains. Dès lors, si
« Soumagne doit être un espace accueillant et accessible à
tous » :
- Quelle alternative proposez-vous à l’initiative
citoyenne de solidarité qui n’a pu aboutir ?
- Comment notre commune peut-elle concrètement
s’engager en faveur de l’hospitalité ?
- Qu’est-ce que notre commune est prête à mettre en
place pour l’hébergement de ces jeunes migrants qui traversent sa
région ?
- Quelles mesures notre commune
compte-t-elle prendre pour assurer à toute personne présente sur son
territoire le respect des Droits Humains ?
- Notre commune est-elle disposée à informer les
citoyens sur la réalité de la migration ?
Aucune mesure ne
parviendra à éloigner les migrants de notre territoire. Par contre,
nous avons tous intérêt, nous comme eux, à ce qu’ils soient encadrés
plutôt que laissés à l’abandon. Les risques d’atteintes à l’ordre
public et les risques sanitaires s’en trouveront d’autant réduits. Si
l’administration communale n’y consacre aucun moyen humain ou
financier, permettez au moins à des citoyens de s’en charger
bénévolement.
En conclusion, nous osons faire le pari que les maladresses, parfois
relevées dans les initiatives citoyennes engagées sur le terrain,
n’empêcheront pas, à l’avenir, la coopération entre les pouvoirs
publics de Soumagne et les personnes de bonne volonté. Nous y
gagnerions tous en humanité.
Carole FOUARGE
Conseil communal de
Soumagne du 16/12/2019
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