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Démocratie
citoyenne ?
Après
de longues semaines de palabres, d’abord avec le Vlaams Belang, ensuite
avec deux autres partis « démocratiques », la NVA et ses
partenaires ont accouché en Flandre d’un accord de gouvernement. Au sud
comme au nord du pays, les commentateurs ont été unanimes : cet
accord est largement inspiré du programme du parti d’extrême droite.
Les protagonistes s’en défendent ainsi : « on ne peut ignorer le
signal des électeurs ».
Il est vrai que le Vlaams Belang a astucieusement complété son
programme de revendications sociales, mais a-t-on entendu celles-ci ou
plutôt son discours xénophobe et nationaliste ?
Ce faisant, on est en
droit de s’interroger : la démocratie est-elle une simple addition
mathématique de pour et de contre. Être démocrate, est-ce prendre en
considération sans réserve le vote du citoyen, quel qu’il soit ?
L’exemple le plus
souvent cité étant évidemment celui d’Hitler qui a accédé au pouvoir
par le biais des urnes. Dans ce cas, en dépit de son approbation par le
peuple, le devoir du démocrate n’était-il pas de combattre de toutes
ses forces cette idéologie ?
On le voit, ne se
résumant pas à une addition comptable attribuant tout pouvoir à la
majorité, la démocratie est au
contraire une équation extrêmement complexe. Dès lors, de quels
termes est-elle constituée ?
En premier lieu, pour
exprimer son choix en connaissance de cause, l’électeur se doit d’être
correctement et complètement informé. La transparence sera par
conséquent déterminante, mais au-dessus
de la mathématique électorale, on placera aussi un certain nombre de valeurs.
Outre la transparence et en nous référant
essentiellement à la « Déclaration universelle
des droits de l’homme », citons :
- le respect
de la dignité humaine
de chaque citoyen, quels que soient sa nationalité, son âge, sa
situation sociale, son genre, ses convictions religieuses ou
philosophiques ou toute autre condition minoritaire ou
discriminatoire ;
- la
protection des libertés fondamentales
fondant les droits humains, dont notamment la liberté
d’expression ;
- l’accès aux droits économiques,
sociaux et culturels, tels que le droit au travail, à la
sécurité
sociale, à l’éducation, à un logement décent, à l’équité, à participer
à la gouvernance de la cité, etc. ;
- aux fins de réduire les inégalités,
la solidarité avec les
proches, avec les populations défavorisées de
par le monde et avec les générations futures ;
- le respect des règles éthiques ;
- le respect des biens et du patrimoine.
C’est à l’aune de
toutes ces valeurs précitées que sera évalué un projet politique.
Alors, revenons à Soumagne.
Quid de Soumagne ?
Un an après les élections, quelle est à notre constat l’évolution
de ce point de vue ?
- Après
l’épisode catastrophique d’un PS en perdition, la gouvernance ne
pouvait que s’améliorer. Sans toutefois être innovatrice, on peut, en
regard des autres communes, la qualifier actuellement de
« normale ».
- En
ce qui concerne la transparence,
on reste cependant sur sa faim. La communication a évolué, mais elle
porte davantage sur la mise en valeur personnelle des membres du
Collège que sur le fond des dossiers.
- La plupart des marchés publics,
avec leur cahier des charges souvent contesté, ont été retirés de la
compétence du Conseil communal pour les confier au Collège.
- Opération d’opacité donc, d’autant plus
que les P.V. actant les décisions du Collège ne sont pas publiés.
- Pourtant promises publiquement, les
Conseillers communaux de la minorité se plaignent de ne pas recevoir de
réponses à leurs questions émises au Conseil.
- Une expérience personnelle sera un
autre exemple. Deux mois après avoir introduit une demande de
renseignements, je n’ai encore reçu qu’une réponse partielle en dépit
de la législation sur l’accès aux documents administratifs.
- Les avis de la minorité sont rarement
pris en considération, comme l’a encore démontré l’élaboration du PST.
- Témoignant de la solidarité avec
les générations futures et malgré son exposition médiatique, la lutte
contre le réchauffement climatique stagne lamentablement à Soumagne.
- À propos du CPAS, on a l’impression
que l’on confond toujours allègrement le secret impérieux devant
entourer les bénéficiaires avec les actes de gestion qui devraient
relever du débat public. Par exemple, en violation de la loi, nous
n’avons pas encore trouvé trace de son Programme Stratégique Transversal
(PST).
Pour conclure,
admettons évidemment que l’on ne peut tout bouleverser en un an, mais
rappelons qu’on nous avait promis une démocratie participative, voire
innovante. Au contraire, force est de constater qu’à ce jour, on relève
en ce domaine autant de régressions
que de progrès !
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne, le 18 octobre
2019
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