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Soumagne-Bas, cartes
du Gouvernement wallon
2020 – Aléas d’inondation par débordement de cours d’eau et par
ruissellement
Jaune :
faible Orange :
moyen Rouge : élevé
4/03/2021 – Zone inondable par débordement
d’une hauteur indéterminée
Inondations,
Responsabilités et Contraintes
Préambule
Quoique, pour l’essentiel ce texte a été rédigé il y a plus d’un mois,
il nous a paru plus opportun d’attendre un contexte quelque peu apaisé
pour publier à ce sujet.
Constatations.
Tout le monde en convient : de mémoire
d’homme, les dernières inondations subies dans notre région et
particulièrement dans la vallée de la Vesdre sont un drame sans
commune
mesure avec ce que nous avons connu auparavant. Dans ce cas, il
importe
d’abord de
rendre hommage aux nombreuses victimes et de manifester
notre compassion à leurs familles et à ceux et celles qui ont tout
perdu dans cette aventure.
Il y a
lieu également de se réjouir des élans de solidarité spontanés qui ont
germé dans la population de notre commune et au-delà, de notre pays.
Après,
la tentation est grande de chercher des « responsables »
—
qui sont toujours les autres — et de nombreuses personnes ne s’en sont
pas privées, notamment dans la presse et les réseaux sociaux.
Objectivement, une chose apparaît toutefois claire : personne
n’aurait pu éviter cette catastrophe, mais une série d’éléments,
notamment du ressort de la politique urbanistique tant décriée, ont pu
l’amplifier.
Cependant,
que ce soit à Soumagne ou ailleurs, les réalités en cette matière se
révèlent bien plus complexes
qu’en apparence. C’est pourquoi, si l’on
veut émettre l’un ou l’autre commentaire audible à ce sujet, nous
estimons nécessaire d’identifier auparavant quelques éléments qui
déterminent les décisions lors de la délivrance d’un certificat
d’urbanisation ou d’urbanisme, c’est à dire essentiellement un permis
de lotir ou de bâtir.
1. Les
Acteurs
Le Bourgmestre.
Dans le domaine de
l’urbanisme et contrairement aux dispositions en matière de police ou
de sécurité, la loi n’attribue pas de
compétence exclusive au
Bourgmestre. Malheureusement, si l’on se réfère à leurs titres,
de
nombreux médias ne semblent pas l’avoir compris.
Le Collège
communal.
C’est en effet le Collège communal
dans
son entièreté, c’est-à-dire le Bourgmestre, la Présidente du
CPAS et
les Échevins qui
décident à la majorité l’octroi ou le refus des permis
d’urbanisation et d’urbanisme. En réalité, sauf quand il y a de grosses
dissensions au sein du Collège, il est peu fréquent que ces décisions
ne soient pas adoptées à l’unanimité.
Le Conseil
communal.
Quand il y a modification ou
création de
voiries, le dossier doit être soumis au vote du Conseil
communal.
D’autre part, celui-ci est également compétent pour décider d’un Guide
communal d’Urbanisme, d’un Schéma de Développement communal ou de
Schémas d’urbanisation.
Le Fonctionnaire
délégué.
Pour chaque partie du territoire, le
Gouvernement wallon désigne à la Direction générale Aménagement du
Territoire un « Fonctionnaire délégué ». Selon les
circonstances, celui-ci est amené à donner son avis ou à
décider en
matière de permis d’urbanisation et d’urbanisme.
Le Gouvernement
wallon.
Quand un recours
est introduit pour
contester une décision du Collège communal ou du Fonctionnaire délégué,
le Gouvernement wallon tranche la question.
Le Conseil d’État.
En dernier recours, le
Conseil d’État n’examine pas l’opportunité d’une décision, mais se
prononce sur sa valeur juridique. Quand il est saisi d’un différend
relatif à une décision d’un pouvoir public, il l’annule s’il
estime
qu’elle n’est pas conforme aux lois et règlements en vigueur.
2. La Réglementation
Le plan de
secteur.
La Région wallonne est
couverte par 23 plans de secteur, adoptés entre 1977 et 1987. Lors de
leur élaboration, le législateur a divisé le territoire en différentes
zones. Parmi les zones destinées à l’urbanisation, on trouve :
1. les zones
d’habitat ;
2. les zones d’habitat à caractère rural :
3. les zones de services publics et d’équipements communautaires ;
4. les zones de loisirs ;
5. les zones d’activité économique.
Selon
la vision de cette époque, les zones d’habitat ont été créées soit en
situation groupée, soit en ruban le long des routes aménagées. Ne
soyons pas naïfs, quelquefois aussi en conformité aux intérêts de
certains propriétaires privés qui ont vu leurs biens décupler de valeur.
Mais la
société, le climat, et les priorités humaines évoluent. Les dégâts
environnementaux de cette politique sont manifestes et l’objectif
politique actuel est de recentrer les habitats en milieux urbains.
À
l’exception de quelques modifications telles que la zone d’activité
économique mixte à Tignée, ces plans de secteur ont peu évolué et sont
donc obsolètes. Cependant, ils restent la référence légale,
malgré
qu’il soit parfois possible d’obtenir une dérogation.
Quels
sont en effet les mandataires politiques qui oseront s’attaquer à une
vraie révision de ces plans qui inclurait le déclassement de certains
biens, de zone à bâtir en zone agricole par exemple ?
Le Code du
Développement Territorial.
Le Code du Développement
Territorial (CoDT) a remplacé le Code Wallon de l’Aménagement du
Territoire, de l’Urbanisme et du Patrimoine (CWATUP) au 1er juin
2017. De fait, au gré des changements de majorité et de ministres à la
Région wallonne, ces codes ont subi ces dernières années de nombreuses
modifications.
Ce
document de plus de 300 pages détaille toutes les procédures en
matière
d’aménagement du territoire et d’urbanisme auxquelles doivent se
conformer les demandeurs (citoyens, sociétés, entreprises) et les
administrations publiques wallonnes.
Le
Règlement général sur les Bâtisses en Site rural.
Il s’agit d’un guide
destiné à améliorer la qualité esthétique des constructions. En ce qui
nous concerne, l’objectif est de respecter autant que faire se peut les
caractéristiques paysagères environnementales et architecturales de nos
villages du Pays de Herve afin de favoriser leur développement
cohérent.
Les
Réglementations diverses.
Soit à l’initiative des
autorités belges, soit par transposition des directives européennes, on
trouve notamment les réglementations relatives à la gestion des
eaux, à
leur épuration et à la définition des zones inondables.
3. Les
Institutions
La Commission
Consultative communale d’Aménagement du Territoire et de Mobilité
(CCATM)
Comme son nom l’indique,
cette commission communale n’a pas de pouvoir de décision, mais elle
est chargée de remettre au Collège communal un avis non
contraignant
sur les dossiers importants d’aménagement du territoire ou de mobilité
qui lui sont soumis.
Cette
commission est mixte, c’est-à-dire composée d’une part par des
représentants des groupes du Conseil communal, et d’autre part par des
citoyens.
Chaque
citoyen peut se porter candidat à la Commission de sa commune, mais c’est la majorité communale qui sélectionne
parmi ceux-ci les membres
effectifs et suppléants selon des critères qui se révèlent aléatoires
.
Les
Institutions supra-communales.
Chaque commune ne peut
pas disposer en son sein de toutes les compétences et organiser tous
les services. Soit volontairement, soit à l’initiative des autorités
supérieures, elles ont alors intérêt ou l’obligation à se grouper pour
créer des entités spécialisées compétentes en des domaines précis.
Certaines
d’entre elles doivent
être consultées en matière de permis d’urbanisme
où elles sont invitées à remettre leur avis sur les dossiers qui leur
sont soumis par les autorités communales.
Il en
est ainsi pour les services de secours (pompiers) de la zone
Vesdre-Hoëgne et Plateau dont Soumagne fait partie ou de
l’Intercommunale AIDE (Association Intercommunale pour le Démergement
et l’Épuration).
Hormis
le long des infrastructures nationales et régionales (TGV, autoroutes,
routes régionales N3, N604, N621, N673, l’égouttage, y compris les
bassins d’orage, est une compétence communale. Cependant, d’un point de
vue technique, elle consulte ou délègue partiellement ce pouvoir et les
études techniques à l’intercommunale AIDE.
Les
administrations wallonnes.
L’administration
wallonne dénommée actuellement Service Public de Wallonie est composée
de Directions générales spécialisées chacune dans un domaine.
Pointons
notamment la
Cellule GISER faisant partie de la DGO3 – Département
Ruralité et Cours d’Eau – Direction du Développement rural. Elle est
chargée de conseil et d’appui aux communes pour la gestion et la
prévention des risques d’inondations par ruissellement et des
coulées
de boue.
Les
institutions européennes.
Les institutions
européennes édictent des directives auxquelles doivent se conformer les
États membres.
Ainsi, la Directive
Inondation (DI) impose aux états membres la réalisation
d’une cartographie des zones inondables pour une crue de faible
probabilité (scénario d’évènements extrêmes), pour une crue de
probabilité moyenne et le cas échéant pour une crue de forte
probabilité.
Conclusion
Il
apparaît donc clairement que de multiples acteurs et éléments
interviennent dans toute décision d’urbanisme et d’aménagement du
territoire. Cet
exercice d’identification était par conséquent
indispensable si l’on voulait éviter de tomber dans les travers
simplistes constatés dans les médias et les réseaux sociaux.
Connaissant
un peu mieux les tenants et aboutissants de certaines décisions, cela
devrait nous permettre de commenter avec
davantage de pertinence l’une
ou l’autre situation manifestement problématique.
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne,
le 6 octobre 2021
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