|
Offre
d’Emploi discriminatoire ?
Il est de bon ton chez les dirigeants du
parti libéral de notre Bourgmestre de revendiquer leur volonté de
lutter contre le chômage de longue durée. En pratique cependant,
celle-ci se résume souvent à une chasse aux chômeurs au moyen de
méthodes aussi simplistes qu’inefficaces comme le font d’ailleurs
remarquer des économistes réputés.
Mais il s’agit là d’un débat sur lequel je ne m’attarderai pas
aujourd’hui. Ce qui m’aspire vers ce sujet, c’est paradoxalement une offre d’emploi publiée sur
le site internet communal.
Notre commune recrute en effet 4 ouvriers
manœuvres saisonniers au grade E2 ; le niveau E étant
la catégorie au bas de l’échelle des exigences et des salaires des
fonctions publiques locales dans laquelle on retrouve au 2e degré
le recrutement de manœuvres pour travaux lourds.
C’est ainsi qu’en matière d’exigence, le
statut précise que « ces
fonctions ne requièrent pas des conditions particulières (titre –
qualification, etc.) pour pouvoir les exercer ». Ce qui est
confirmé par l’offre susmentionnée annonçant : « Si
vous êtes capable d’effectuer un travail physique, manipuler des
charges lourdes et travailler en extérieur en toutes conditions
météorologiques, cette proposition d’emploi vous convient ».
Toutefois, étrangement, l’appel ajoute par
la suite les
conditions d’accès à la fonction, notamment :
- Posséder une bonne maîtrise de
la langue française ;
- Posséder
une expérience probante dans un emploi similaire ;
- Être en possession du permis de conduire B constitue un
atout.
De plus, le dossier de candidature comprendra
obligatoirement les éléments suivants :
- Une lettre de motivation ;
- Un
curriculum vitae reprenant toutes vos expériences professionnelles
détaillées ;
- Une copie des titres et diplômes ;
- Une copie du permis de conduire ;
- Un extrait de casier judiciaire daté de moins de 3 mois.
Et comme si cela ne suffisait pas, on
ajoute : « Une
première sélection sera effectuée sur base des dossiers de candidature
ainsi que des diplômes détenus ».
Tout est donc fait pour que les chômeurs
non diplômés du secondaire n’osent
pas ou ne soient pas en mesure de déposer leur candidature dans
les règles de l’art, alors qu’ils représentent 40
à 45 % des personnes inscrites au chômage en Wallonie.
Sans compter que cet appel semble aussi
être rédigé de façon illégale en excluant
apparemment toute candidature féminine, est-ce par la capacité
d’écrire une lettre de motivation que l’on
va évaluer si les candidats sont robustes, honnêtes, volontaires et
courageux ? Telles sont cependant les principales qualités
que l’on attend de cette catégorie de travailleurs.
Dans ces conditions, comment les principaux
intéressés pourraient-ils sortir du chômage si ceux qui les
stigmatisent les excluent
des emplois qui leur sont théoriquement destinés ?
À moins que l’objectif soit d’engager des
ouvriers qualifiés, sous-payés
à un tarif d’une catégorie inférieure ?
Quoi qu’il en soit, triste
mentalité !
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le
20 février 2024
|
|
|