Ainsi donc,
un promoteur propose de construire sur le site
des anciens établissements Onssels à Micheroux un
nouveau centre commercial. Ce
projet de 30.000 m² de magasins, répartis
en une vingtaine d’enseignes, entourant
800 places de parking soulève quelques questions.
Sur son bien-fondé d’abord. Au moment
où les travailleurs
manifestent contre la perte de leur pouvoir d’achat, il est
paradoxal de
constater que l’on n’arrête pas de
construire de nouveaux magasins comme si la
population pouvait se permettre de dépenser sans limites.
Certes, comme on pouvait s’y attendre, le
promoteur n’a pas manqué lors de sa
présentation à l’administration
communale
de mettre en exergue la création d’emplois pour justifier son projet.
Argument fallacieux s’il en est.
Chacun sait qu’au mieux, il y aura transfert
d’emplois d’un site à un autre. Au
pire, les emplois perdus dans les magasins indépendants et
dans les
implantations de chaînes concurrentes soumis à la
restriction ou condamnés à la
fermeture dépasseront en nombre ceux prétendument
créés.
Ce projet pose aussi la question de la mobilité. Si,
effectivement, les huit cents places de parking sont
nécessaires et en
l’absence de jonction du site à la rue de Heuseux,
que deviendra le carrefour
de Micheroux déjà très
encombré à certaines heures ?
À n’en pas douter, on
nous prépare à Soumagne un sort infernal
comparable au centre de Fléron.
Cet éventuel complexe mérite également
une réflexion dépassant
notre commune quant à l’aménagement du
territoire. Réflexion qui par ailleurs
fait heureusement petit à petit son chemin. Ainsi,
dernièrement, les
bourgmestres de l’agglomération
liégeoise réunis en conférence se sont
engagés
à défendre l’idée devant
leur conseil communal de réaliser un
« schéma
d’agglomération ». Selon le
journal (Le Soir du 8-12-2007), « Le
temps des centres commerciaux autorisés sans
cohérence régionale semble
révolu : un moratoire de six mois est sur la table,
le temps de réaliser
le schéma
d’agglomération ».
Monsieur Janssens, vice-président de cette
conférence, posera-t-il
cette fois à Soumagne des actes en concordance au discours
tenu dans des
instances extérieures ou, obnubilé par des
rentrées fiscales possibles sera-t-il
le docile serviteur des promoteurs immobiliers ?
De la réponse à cette question
dépendra probablement
l’avenir de notre commune. Soyons-en cependant
assurés. En cas de réalisation
de la liaison autoroutière CHB, les pressions seront telles
que Soumagne perdra
définitivement ses derniers atouts de commune semi-rurale au
profit d’une
soumission au diktat du « tout à la
voiture ».
Pascal ÉTIENNE.