La nature humaine est ainsi faite. Nous
n’apprécions un bien
à sa juste valeur que lorsque nous en sommes
privés. Grâce à Dieu,
excepté nos
aînés, nos générations
n’ont connu ni la guerre, ni la dictature. Dès
lors,
elles ne sont plus toujours suffisamment conscientes des
privilèges qui sont les
nôtres, par exemple la liberté de parole,
d’association, ou le pouvoir de désigner
par notre vote nos représentants chargés de
gérer nos institutions. En
témoigne, le nombre des électeurs qui ne daignent
plus se déplacer pour aller
voter comme le montre le tableau suivant relatif aux
élections réputées les
plus proches de la population.
Élections communales de Soumagne
|
Années |
1976 |
1982 |
1988 |
1994 |
2000 |
2006 |
Électeurs
absents |
5,8 % |
5 % |
4,9 % |
7,7 % |
8,7 % |
7,4 % |
Certes, certains en sont réellement
empêchés, mais
pourraient s’ils le voulaient voter par procuration. Le mal
est donc plus
profond. La lecture du dernier Spot nous le confirme
puisqu’un pas supplémentaire
dans la régression du sens civique a
été franchi. On y trouve en effet cet avis
de la Justice de Paix de Fléron :
« Vu les
problèmes rencontrés pour trouver des assesseurs
pour les bureaux de vote
(disponibilité, travail, maladie, etc.) pour les prochaines
élections
législatives du 10 juin 2007, nous demandons aux personnes
qui seraient
volontaires, pour faire partie des assesseurs, de bien vouloir se faire
connaître …. »
Ainsi donc, le Juge de Paix, chargé de désigner
les
assesseurs pour les prochaines élections a du mal
à trouver les personnes
nécessaires tant les désistements sont nombreux
comme si la majorité de la
population travaillait le dimanche ou souffrait de graves maladies.
Cet appel est cependant inacceptable à plus d’un
titre. Non
seulement le Juge de Paix prend des libertés avec la loi qui
la charge de
« désigner »
les assesseurs, mais indirectement cautionne et, à la limite,
encourage ceux et
celles qui sous de faux prétextes se dérobent
face à leur responsabilité de
citoyen. Ce faisant, il envoie donc un signal dangereux à
la population et nous nous
étonnons que les
autorités communales promptes à donner des
leçons de civisme relaient ce type
d’information.
D’autre part, si on fait appel aux
volontaires, le risque
est grand de ne plus trouver désormais dans les bureaux de
vote que les
militants des partis, ce qui est malsain pour notre
démocratie représentative
et pour le moins regrettable pour plusieurs raisons. Car en fin de
compte, quel
est l’aspect le plus désolant de cette
histoire ? Est-ce la perte du sens
civique de nos concitoyens, la désaffection pour le « politique » engendrée selon
certains par le comportement des partis et leurs
représentants ou la démission
du Juge de Paix qui se résigne face aux motifs
invoqués par les assesseurs
désignés pour se
désister ?
Quoi qu’il en soit, cet
état de fait n’est pas à la gloire
de notre communauté.