Lettre ouverte aux partis CDH, Écolo et MR de Soumagne.
Lorsqu’au cœur de la tristement célèbre affaire de la
Carolo, le ministre Courard déclarait que les dérives à Charleroi n’avaient été
possibles que grâce à la passivité, sinon la complicité de la minorité, certains,
à juste titre, se sont émus de ce raisonnement qui justifie le voleur par
l’absence du gendarme.
Nonobstant l’indélicatesse du propos, il convient cependant
de ne pas éluder la responsabilité de la minorité. Mais le ministre aurait été
mieux inspiré si, dans sa réforme du code de la démocratie locale, il avait
donné à ces minorités des moyens d’action adéquats pour remplir leur rôle
de gardien de la légalité.
Par exemple, en prévoyant une vérification des
comptes par un réviseur qualifié choisi par la minorité ou en lui octroyant
systématiquement un échevinat de contrôle muni de moyens définis par le décret.
Hélas, nous n’en sommes pas là.
Ainsi, qu’en est-il de la situation actuelle à Soumagne. Après
un an de fonctionnement du nouveau conseil communal, s’ils n’en étaient déjà convaincus,
les conseillers de vos partis ont eu le loisir de l’expérimenter : le
match majorité-minorité est une
compétition inégale.
D’un côté, le bourgmestre et les échevins, perçoivent une
rémunération leur permettant de se libérer partiellement ou totalement de leurs
obligations professionnelles, disposent d’une administration à leur service et
des moyens de communication de la commune :
Spot – Site internet – Journal Échos – Soumagne infos
– Soumagne initiatives – Soumagne commune sportive.
De l’autre, les conseillers communaux de la minorité sont
dans l’obligation de prélever sur leur temps de loisir la disponibilité
nécessaire pour assumer le contrôle de la gestion, étudier tous les dossiers et
ne peuvent s’adresser à la population qu’au travers de leur propre courrier ou d’une
publication du parti, lui-même disposant de peu de ressources.
Ajoutons qu’à Soumagne, outre ces handicaps, vous cumulez
celui de la
dispersion en trois groupes distincts, ce qui aggrave votre relative
inefficacité. Pouvez vous rester passibles devant ce constat ? Nous ne le
pensons pas.
Le législateur a prévu pour ceux qui sont chargés de
l’administration de la commune, la présentation d’un pacte de majorité, créant
par la même occasion une minorité. Pourquoi ceux qui en font partie ne
concluraient-ils pas un «
Pacte de Minorité » ?
Quand les circonstances l’exigent, l’expérience montre
qu’entre les divers partis démocratiques, toutes les coalitions sont possibles.
Pourquoi les « grands accords » qui sont souvent conclus en quelques
heures pour sceller une majorité ne seraient-ils pas possibles après mûre
réflexion pour la minorité ? Certes, il n’y a pas de mandats en jeu, mais
il y va de l’efficacité de l’action. C'est pourquoi nous nous permettons de
vous soumettre l’ébauche d’un projet qui pourrait servir de point de départ
d’une négociation.
L’utilité d’un tel pacte ne devrait plus faire de doute pour
personne. Dès lors, il ne reste plus qu’une inconnue :
qui prendra
l’initiative ?
Pascal ÉTIENNE
Soumagne Alternative
Communale
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Esquisse d’un Pacte de Minorité
Afin d’accroître leur efficacité au Conseil Communal de
Soumagne, les partis de la minorité CDH, Écolo et MR s’engagent à collaborer par
l’intermédiaire de leurs responsables et mandataires respectifs.
Autonomie.
Cette collaboration s’inscrit dans
le respect de l’autonomie de chaque parti. Néanmoins, considérant que le
principal concurrent se situe au niveau de la majorité, tout en défendant ses
convictions et son programme présenté aux électeurs, chaque groupe évitera
toute intervention dirigée contre un autre membre de la minorité et
s’abstiendra de voler au secours de la majorité quand celle-ci se trouve en
difficulté face à un partenaire.
De plus, chaque fois que cela est
possible, cette collaboration débouchera sur un vote commun au Conseil. On
veillera également à établir une cohérence entre les positions des représentants
dans les diverses instances communales et paracommunales.
Informations.
De commun accord, les parties
signataires se répartiront la recherche d’informations à propos des dossiers
d’intérêt communal. À cet effet, un contact sera pris entre les responsables
avant chaque conseil communal. Chacun s’engageant à se transmettre mutuellement
les informations dont il dispose.
Communication.
L’efficacité des conseillers étant
directement proportionnelle à la capacité d’informer la population et
considérant l’exclusion de la minorité des publications communales et le coût
des moyens de communication, les partis s’engagent à unir leurs forces dans ce
domaine.
En dehors de toute campagne régionale ou fédérale, ils s’adresseront
aux médias de façon concertée et éditeront périodiquement un bulletin
d’information. Celui-ci pourrait être basé sur le principe d’une page commune
et d’une page à disposition de chaque parti.
En toute transparence, cet accord
sera porté à la connaissance de la population.
Objectif
2012.
Si l’expérience s’avère
positive, les partis s’engagent à négocier en 2011 un programme commun et les
modalités d’une liste de cartel à présenter à la population lors des prochaines
élections communales.