Avec les vacances nous revient la « grande
boucle ». Et il en est apparemment du
« Tour de France » comme des
élections chez nous. Il s’agit
simultanément d’une épreuve
individuelle et par
équipe où chacun peut y gagner quelque chose.
Ainsi, au tour :
–
Qui,
le maillot jaune du classement général,
–
Qui,
une étape,
–
Qui,
le maillot vert du classement par point,
–
Qui,le
maillot à pois du meilleur grimpeur,
–
Qui,
le maillot blanc du meilleur jeune,
–
Qui,
un sprint intermédiaire,
–
Qui,
le sommet d’un col,
–
Qui,
la prime de la combativité,
–
Qui,
la prime de la malchance,
–
Qui,
une prime quelconque jalonnant le parcours.
De même, aux
élections :
- le CDH
a gagné en région bruxelloise en progressant de
9,5 à 14,5 %,
- Écolo
a gagné en région francophone en bondissant de
7,8 à 13 % sans pour autant approcher le score de 18,9 %
atteint en 1999,
- Selon
ses dires, en dépit de la perte de 2 sièges et du
recul de 30,7 à 30,5 % dans le fief de son
président à Liège, le MR a
remporté un « triomphe historique » en progressant de 28,9 à 31,3 % en
Communauté Française.
- en
régressant de 35,6 à 32,1 %, M. Demeyer estime
que
le PS liégeois a gagné puisqu’il a
devancé le MR et perdu moins de voix que
dans d’autres circonscriptions,
Chacun y a donc
remporté une victoire. À défaut, une
défaite
quelconque de l’un devient, ipso facto, une victoire de
l’autre. Tout est
possible en mettant en avant un résultat partiel, le
résultat de l’équipe, les
voix de préférence d’un leader ou la
référence à une année
déterminée. On ne manque
pas non plus de stigmatiser le manque de sportivité, voire
la tricherie
systématique de l’adversaire. Ainsi, le PS
pleurniche face à l’attitude du MR
qui aurait attaqué quand, victimes d’un
excès de dopage, ses équipiers chutaient
à Charleroi et se faisaient exclure de la
compétition. Il y a néanmoins une
différence entre les coureurs et les politiciens,
c’est que ces derniers
tentent chacun de se présenter comme étant le
vainqueur de la course.
En présence de
cette débauche de vainqueurs, on en oublierait
que gagner des élections, c’est remporter une
majorité de sièges et qu’il y a
belle lurette en Belgique nationale ou fédérale
que plus aucun parti ne l’a
réussi. Le dernier en date étant le CVP-PSC en
1950. Cela n’est du reste plus
possible puisqu’aucun concurrent ne participe encore
à la course dans son
entièreté. Chaque formation choisissant de
rouler, soit les étapes
francophones, soit les étapes néerlandophones.
Il n’en est
cependant pas de même à tous les scrutins,
notamment aux élections communales où il peut y
avoir de vrais vainqueurs. Par
exemple, même si c’est parfois de justesse, le PS
de notre entité peut
légitimement se prévaloir d’avoir
remporté toutes les élections depuis la
fusion des communes. Et il n’y aura d’autre
vainqueur à Soumagne que lorsqu’une
formation aura brisé ce monopole tant est
dérisoire l’influence de chaque parti
de la minorité dans le contexte actuel.
Le doute n’est
plus permis. Quelles qu’en soient les
difficultés et notamment le respect de l’autonomie
de chacun, s’unir pour former
une équipe alternative capable de recueillir la
majorité des sièges devrait
constituer l’objectif prioritaire du CDH,
d’Écolo et du MR locaux. Non pas en
bricolant un accord de dernière minute, mais en
s’y attelant dès la prochaine rentrée
quand la fièvre électorale sera
retombée. C’est dire si le moment est
déjà venu
de réfléchir à des propositions
concrètes.
Pascal ÉTIENNE.