Central
Piazza
« Et quand la Wallonie aura
assaini ses vestiges industriels, elle devra s’attaquer aux friches
commerciales. »
Pascal
LORENT
Journaliste
« Le Soir », 05-01-2010
Théoriquement, la volte-face
de Monsieur Marcourt ouvre la voie à la réalisation du centre
commercial sur le site Onssels. Détrompez-vous ; la mise en
évidence de l’appellation bien liégeoise de « Central Piazza »
n’est pas à l’origine de son changement d’attitude. Le Ministre
l’attribue plutôt à la fameuse directive européenne Bolchenstein sur la
libération des services.
En réalité, il passe la patate chaude à son collègue de l’Aménagement
du territoire, ce qui, avec les recours en justice, nous promet encore
quelques péripéties
spectaculaires.
Pourtant, au Parlement wallon, l'unanimité était de mise.
Les représentants du MR, du cdH, d’Écolo, mais aussi du PS ont dit tout le mal
qu’ils pensaient de cette décision. Cette
« guéguerre » entre bourgmestres socialistes de
Liège, Fléron, Verviers et Soumagne a quelque chose de pathétique. Sous
des prétextes fondés ou fallacieux, chacun défend ses intérêts particuliers
immédiats.
Justifiée avec insistance par la proximité du prochain raccordement à
l’autoroute CHB et la création d’emplois, que reste-t-il de
l’argumentation de notre Bourgmestre ? Chacun en convient
désormais. L’autoroute étant suspendue, la mobilité avenue
de la Résistance serait
catastrophique et, au mieux, il y aurait délocalisation
d’emplois.
L’imposture
saute actuellement aux yeux ; ce sera soit l’échec du centre,
soit l’échec de la mobilité, sinon les deux. Seule, une programmation
des implantations commerciales au niveau des grandes agglomérations,
voire de la Région, pourra éviter des déconvenues futures.
L’équation est cependant simple. Impossible de vendre davantage
à une population dont le pouvoir d’achat est en baisse, sauf à la
pousser à s’endetter de façon inconsidérée. Les difficultés de
l’« Ardennes Outlet Centre » de Verviers en sont les
premiers signes.
Si on multiplie à l’envi les centres commerciaux, une seule inconnue
subsiste : dans un proche avenir et suite aux fermetures, où
se situeront, selon le mot du journaliste, les « friches commerciales » ?
Si, « construire et démolir », c’est toujours
travailler, pauvre Wallonie si elle s’engage sur cette voie !
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