La vraie question ?
À
n’en pas douter, dans l’affaire Publifin, l’opinion publique a surtout
été scandalisée par le montant des rémunérations de certains
mandataires (1). Si, en ce qui concerne MM. Gilles, Moreau et Co,
c’est une vraie question, est-ce pour autant la seule question comme le
laisse sous-entendre le nouveau Ministre ?
La rémunération est-elle par exemple la principale motivation du cumul
de nos édiles politiques ? Pour certains, c’est une évidence.
Cependant, dans la plupart des cas, je ne le pense pas. Dès lors,
quelle est-elle ?
À mon avis, on peut essentiellement en identifier deux : le
pouvoir et la gloriole.
- Pour accéder aux plus hautes fonctions, le mandataire politique se doit
d’être populaire et d’engranger de nombreuses voix d’électeurs. Pour ce
faire, il a besoin d’une part de participer à un maximum d’élections,
et d’autre part pour sa notoriété de bénéficier en permanence d’une
haute visibilité. En conséquence, rien de tel que d’occuper plusieurs
fonctions valorisantes, très médiatisées et synonymes de pouvoir aux
yeux de la population.
- Pour l’élu égocentrique, étoffer sa carte de visite est une obsession.
Dans ce cas, la gloriole, c’est-à-dire une vanité ridicule qu’on tire
de petites choses, est le moteur principal de sa volonté de cumuler.
Quel qu’en soit le motif, ajouter aux mandats de Député
ou de Ministre celui de Bourgmestre est ainsi très prisé. Mais que ce soit
par cupidité, par goût du pouvoir ou pour la gloriole, ce n’est guère
avouable.
Dès lors, il faut se trouver de « bonnes raisons » pour
occulter les vraies. Ce que ne manquent pas de faire de nombreux
cumulards. Derrière ces raisons fallacieuses, se profile donc la vraie
question éludée subtilement par M. Dermagne afin d’épargner ses
propres chefs du Gouvernement wallon.
Si, au contraire, la vraie question est celle de la bonne gouvernance,
comme on dit actuellement,
est-il honnêtement acceptable de justifier le cumul de mandats
électifs ?
C’est ce que nous nous proposons d’examiner dans un autre article.
Pascal
ÉTIENNE
Soumagne, le 18 mars 2017
(1) Notons au passage que ce problème n’est
pas une exclusivité
des institutions publiques. Tous ceux qui boivent volontiers leur
Jupiler contribuent de bon cœur au
salaire du patron d’InBev qui en l’année 2015 s’est élevé à
348 000 €/mois . Allez savoir pourquoi, dans
le privé, cela ne choque apparemment guère de monde !
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