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Et Après ?
Élections
communales 2024 à Soumagne – Résultats et Commentaires
Les
réactions du soir des élections sont une pratique très piégeuse. Sous
le coup d’une déception ou l’euphorie d’une victoire, dans notre
commune et ailleurs, on a assisté cette fois encore à des réactions
excessives que les protagonistes regrettent souvent par la suite.
Certaines frustrations perdurent cependant quelque peu. C’est ainsi
qu’à Soumagne on a assisté à deux interventions déplacées lors du
conseil communal d’octobre qu’il serait cependant sot de dramatiser.
Classons-les plutôt dans le domaine du folklore local.
Quoi qu’il en
soit, après l’installation du nouveau Conseil communal, le moment nous
semble opportun pour vous livrer quelques commentaires enrichis par les
informations collectées depuis les élections et l’une ou l’autre
lecture instructive.
Pour ce
faire, nous avons auparavant établi les tableaux de résultats et de
comparaison relatifs aux différents scrutins à la commune de Soumagne.
Vous les trouverez en annexe.
Élections
communales :
1. 2024 – Résultats
globaux.
2.
2024 – Calcul des sièges attribués à chaque groupe.
3.
2018 – Résultats globaux.
4.
2024 – Voix de préférence comparées à 2018.
5. 2024 –
Pacte de majorité.
6.
1976-2024 – Évolution de la participation des électeurs (Absents et
votes blancs et nuls).
7.
2024 – Dépenses électorales
Élections provinciales
et régionales :
8.
2024 – Province - Résultats globaux du canton de Fléron.
9.
2024 – Parlement wallon - Résultats globaux des votes soumagnards au
mois de juin.
La Douche froide.
Même
si l’on voulait, on ne peut s’en cacher. Tant pour notre groupe que
pour moi personnellement, ces résultats ont été une douche froide.
Acceptons-le cependant avec philosophie, après tout on n’en meurt pas.
Au contraire cela revigore.
Mais comment
expliquer cette dégringolade ?
Certes, on
savait que le contexte général
était favorable aux formations classées à droite, voire à l’extrême
droite de l’échiquier politique et néfaste pour les enjeux éthiques,
démocratiques, sociaux, environnementaux et climatiques que nous
défendions.
On savait
également que notre campagne avait été loin d’être parfaite et nous en
connaissions quelques causes. Néanmoins, considérant l’absence d’écolo,
les difficultés connues du PS et les dossiers problématiques de la
majorité, l’ampleur de cette vague droitière nous a surprise.
La
Preuve par l’Absurde.
Quoique, mais
là n’est pas le sujet aujourd’hui, il n’y aurait rien de répréhensible
à être membre d’un parti respectant les règles de notre système
démocratique représentatif, c’est dans le but de nous nuire que
d’aucuns ont répandu ou amplifié la rumeur selon laquelle Citoyen Go
serait lié aux « communistes » du PTB.
Cela était
notoirement faux, et les électeurs du PTB en ont eux-mêmes apporté la
preuve indiscutable.
Sachant qu’au
scrutin régional du mois de juin, 12,16 % des votes valables des
Soumagnards étaient attribués au PTB, et qu’en octobre au scrutin
provincial ils étaient encore 11,82 % au canton de Fléron, on peut
affirmer que si les électeurs PTB avaient aussi porté leurs suffrages
sur Citoyen Go à la commune, nous aurions au minimum obtenu 2 élus
supplémentaires !
Les
Votes progressistes.
Les groupes
progressistes dits « de gauche », soit PS, Écolo et Citoyen
Go-Alternative, totalisaient 61,7 % en 2012, 53,3 % en 2018
et 25 % en 2024. Malgré le contexte général, l’ampleur de cette
désaffection de la classe populaire pour ces partis est pour le
moins interpellante et mérite un examen de conscience de leurs
dirigeants et militants.
Le cas
d’Écolo surprend particulièrement. Partenaire, mais cible privilégiée
du MR à la Région wallonne, il s’est fait laminer par celui-ci, tandis
qu’à Soumagne, il continuait à s’inscrire dans le sillage du
Bourgmestre MR.
Cela
n’empêche pas sa cheffe de groupe au Conseil communal de rappeler ses
idées écologistes « plutôt à gauche » et la satisfaction
d’Écolo+ de sa collaboration avec le parti wallon dérivant de plus en
plus vers la droite extrême.
Ce faisant,
en étant lui-même incapable de présenter une liste aux dernières
élections, il a fait la courte échelle au parti MR qui est,
rappelons-le, le pire adversaire des thèses écologistes. En somme, un
vrai désastre politique pour Écolo+ qui est cocu, mais content !
La Participation
citoyenne.
Le nombre
totalisant les électeurs absents et les votes nuls et blancs ne cessent
d’augmenter. S’ils étaient relativement peu nombreux à la fusion des
communes en 1976, ils atteignaient les 10 % dès 1982, pour évoluer
de 17,92 % en 2012 à 19,28 % en 2018 et battre ce record avec
22,8 % cette année.
Malgré le
vote théoriquement obligatoire, il y a de quoi s’inquiéter sur leur
caractère démocratique quand on sait que si l’on considère le nombre de
votants effectifs, la majorité qui s’installe légalement ne représente
qu’une minorité de 41,1 % du corps électoral !
De plus,
sachant que toutes les études montrent que les électeurs s’abstenant de
remplir leurs devoirs électoraux émanent surtout de la classe
populaire, on a ici une explication partielle de la régression des
partis progressistes.
Les
Alliances postélectorales.
À Soumagne,
le groupe Ici Soumagne arrivé second s’offusque que le MR du
Bourgmestre ne l’ait pas choisi pour composer la majorité et y voit une
trahison. À Mons, le MR arrivé second s’offusque que le PS du
Bourgmestre ne l’ait pas choisi pour composer la majorité et crie au
scandale !
En fait, la
plupart des partis ont donc un comportement semblable en fonction de
leurs intérêts locaux. Rappelons cependant que toute alliance composée
d’une majorité des conseillers élus est légitime, conforme à la loi et
de la responsabilité des protagonistes.
Certes, les
lois électorales, par ailleurs différentes en Wallonie, à Bruxelles et
en Flandre, avec leurs avantages et leurs inconvénients, peuvent être
soumises à débat et sont d’ailleurs souvent modifiées partiellement
d’une élection à l’autre, mais on ne peut pas les accommoder à sa guise
selon les circonstances.
« Avec
le Bourgmestre » ou MR ?
Avant les
élections, « Avec le Bourgmestre » se présentait comme un
grand mouvement citoyen rassembleur.
Après les
élections le masque tombe, les 12 élus de cette liste se déclarent
apparentés au MR et font donc allégeance au parti de Georges-Louis
Bouchez.
Les
Comportements individuels.
Épinglons le
cas de Mme Denis. Élue conseillère communale sur la liste du
Bourgmestre en 2018, démissionnaire pour désaccord 3 ans plus
tard, candidate sur la liste Citoyen Go jusqu’à quelques semaines avant
les élections, finalement tête de liste chez les Engagés et retournant
à ses premiers amours en s’associant pour former la majorité avec le
Bourgmestre.
Le moins que
l’on puisse dire c’est que si seuls les sots ne changent pas d’avis,
Virginie Denis n’en fait pas partie. Elle ne manque cependant pas
d’opportunisme. Grand bien lui fasse, « Moi je ne fais qu’un seul geste, je
retourne ma veste » chantait Jacques Dutronc.
(L’opportuniste)
On ne peut
davantage passer sous silence la situation inédite du Bourgmestre. Il
n’y a en effet pas lieu d’être fier d’avoir un Bourgmestre inculpé dans
un dossier relatif à l’exercice de ses fonctions.
Si un tel cas
s’était présenté à Mons, on imagine l’exploitation qu’en aurait faite
le président du MR. Au contraire, pendant la campagne nous sommes
restés muets à ce sujet en appliquant scrupuleusement le principe de la
présomption d’innocence.
Mais quelle
sera l’attitude de M. Houet si d’aventure ce dossier refait
surface pendant cette législature ?
Les
Démissions.
Il est de
pratique courante que des présidents de parti démissionnent après une
défaite. Alors que les résultats des « Engagés » leur
permettent d’intégrer la majorité, c’est donc une surprise de voir leur
nouveau président Kenny Xhauflaire démissionner sans motivation
explicite convaincante. Cela traduit pour le moins un malaise au sein
des « Engagés » soumagnards.
Signalons
aussi qu’Alain Desmit du PS n’honorera pas le mandat lui attribué par
les électeurs et cède sa place au premier suppléant Vincent Todè.
Les
Dépenses électorales.
L’argent ne
fait pas le bonheur, mais il peut y contribuer. C’est ce que suggèrent
les montants déclarés par les partis. Nous
les publions cependant sous réserve tant chaque tête de liste a
différemment interprété et plus ou moins complété les documents
officiels.
En
Conclusion.
Le Conseil
communal de Soumagne entre dans une nouvelle ère avec une majorité
droitière étriquée inquiétante pour la population la plus précarisée.
Certes, nul
ne peut préjuger de l’avenir, c’est pourquoi son action sera appréciée
sur pièces, notamment en ce qui nous concerne selon le prisme de la
justice sociale, environnementale et climatique.
Qui vivra
verra, et les budgets 2025 nous donneront peut-être un premier
aperçu de la nouvelle politique communale.
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le 8 décembre
2024
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